Charles-Henri BODIN

Charles-Henri, tu commences une deuxième année ici avec très bientôt l’ordination,… Peux-tu nous raconter ton enfance, tes études, ta vocation ?

 Je suis né à Tassin en 82, père breton et mère bourguignonne, mais depuis huit ans mes parents sont à Saint-Malo. Je suis le troisième d’une fratrie de cinq, d’une famille très pratiquante et je suis oncle de deux neveux. J’ai vécu mon enfance à Lyon rue Garibaldi, puis Écully et enfin à Lissieu.

Trois prêtres m’ont marqué dans mon enfance.  Un résistant évadé d’un camp de concentration. Un autre pour sa « façon d’être ». Et un troisième : Don Camillo, pour sa relation avec Jésus : ils se parlent, celui qui parle à Dieu… Encore aujourd’hui il me marque aussi par sa relation avec Pepone pour son amour pour ses paroissiens il les fait grandir même si parfois avec Pepone ça passe par les poings.

La vocation a commencé vers l’âge de 4,5 ans… Puis difficultés familiales, mon père PDG dépose le bilan et part travailler à Carrefour ; maman ouvre alors une table d’hôte à Écully (et le mercredi j’étais de «plonge !») . J’ai alors été frappé par l’ouverture de mes parents dans la difficulté, ils ont su rebondir !

A l’âge ado, difficultés dans ma foi… Et pas de trop bonnes fréquentations… Puis ce fut la pension chez les Lazaristes et à La Mache, je n’étais jamais chez moi car j’avais découvert le scoutisme le week-end. En 2000 mon chef de patrouille me propose d’aller aux JMJ à Rome, je me suis confessé et je suis rentré dans la basilique Saint-Pierre de Rome, j’avais 18 ans… C’est dans cette basilique sur proportionnée que j’ai eu l’impression de rentrer dans l’Amour de Dieu et d’être aimé par Dieu pour ce que j’étais : unique, j’étais Charles Henri…

Un jour, devant la Cathédrale Saint-Jean, un SDF (ex-ingénieur) m’accoste. On a discuté, il m’a parlé de lui, il me raconte, et puis il m’offre à boire dans sa bouteille 33 Export… J’ai hésité quelques secondes, puis j’ai accepté… Il s’est alors senti quelqu’un… On est rentré tous les deux dans la Cathédrale puis je suis resté plus d’une heure et demie devant le Saint-Sacrement avec cette question

Pourquoi je vis ? Pourquoi J’existe ? Pourquoi MOI et pas un autre ?

Et suite au témoignage du clochard, j’ai compris le sens de ma vie : c’est de donner du bonheur aux autres. Dieu m’a tout donné et donc la seule manière pour moi de le remercier est de me donner tout entier aux autres !

J’étais à La Mache et j’ai fait un BEP CAP en métallerie-serrurerie, puis le bac idem, et enfin un BTS en Construction-métallique.

Tout en cheminant dans ma foi à La Mache, l’aumônier me propose de prendre une année de discernement, l’année propédeutique à la maison Saint Jérome dans une annexe des Sœurs Clarisses à Tassin : c’est ce que j’ai fait. Puis je suis rentré au séminaire l’année suivante.

 

Ordination sacerdotale ce 14 octobre : quel est ton ressenti, tes joies, tes questions ce jour ? 

En ce moment j’ai du mal à me poser pour bien y réfléchir car je suis bien occupé…

Ça me fait un peu « flipper » car je prends conscience que nous serons jugés sur l’Amour, et que j’aurai charge d’âmes… Ce qui me pousse, c’est l’Eglise vivante.

C’est aussi une grande joie car je sens que mon bonheur est là… Je me sens aussi aimé des paroissiens… Je suis aussi très heureux que cette ordination soit vraiment une grande fête diocésaine.

 je suis paisible… Et je pars huit jours avant en retraite au Carmel d’Yzeron.

Oui, « Dieu ne choisit pas les gens capables, il rend capable les gens qu’il choisit » dit Guy Gilbert.

 

Le clergyman, pourquoi ?

 Pour moi, c’est le tablier de service. Je suis habillé comme ça autant avec les pauvres qu’avec les riches.

Comme les époux portent une alliance, pour moi ce tablier de service est le témoignage de ce que je donne aux gens.

Cela pose plus de questions aux paroissiens (retour en arrière de l’église, comme si ça faisait de moi un tradi !) qu’avec les conscrits ou les rugbymen qui trouvent ça normal : ils m’ont d’ailleurs félicité de porter ce clergyman.

 

Actuellement tu es diacre ; en quoi a consisté ce ministère à Villefranche ?

 C’était surtout encore une année au séminaire avec un stage ici en paroisse.

Je me suis occupé :

-de vingt confirmants (de Mongré et de l’aumônerie.)

-à Mongré, d’une présence pour le sacrement de baptême.

-Le lien avec le catéchuménat.

-J’ai célébré des baptêmes, des mariages et des funérailles.

-J’ai des équipes de sixième et cinquième en Aumônerie publique.

-J’ai fait quelques homélies.

-Et le séminaire : c’est terminé aujourd’hui !

 

Quels  sont tes hobbies ?

 -J’ai redécouvert la lecture à 23 ans… et j’ai rattrapé le temps perdu !

-La musique : de tout style.

-Le bateau et la Bretagne.

-J’aime bien les enfants de l’âge « pourquoi ? » car ils sont à la recherche de la vérité…

-La nature, les balades : …j’ai découvert le Beaujolais.

-Le rugby depuis trois ans tous les jeudis : ça me détend et ça me nourrit spirituellement. L’an passé j’ai fait un tournoi à Luchon. Au début mes équipiers craignaient que je parle comme un curé ! Maintenant c’est super : ils ont découvert que je suis fidèle et que j’y tiens à ce sport !

 

Après tout cela, que voudrais-tu dire aux paroissiens de Sainte Anne des Calades ?

 Dans mon ministère de prêtre je voudrais  être un témoin de la joie !

Dans tous les milieux non ecclésiaux, je dois être un témoin de l’espérance et de la joie car l’une ne va pas sans l’autre.

Si j’invite les gens à vivre quelque chose, c’est vivre de plus en plus ensemble et faire Eglise dans la joie !

Il ne faut pas que l’église fasse du communautarisme… Elle doit être Communauté !

Un seul nous rassemble, c’est Jésus-Christ !

Propos recueillis par Martine et Yves Tricou, le 3 octobre 2012

 

Vous pouvez retrouver ci-dessous son témoignage réalisé par le diocèse de Lyon :

portrait de Charles-Henri Bodin