Pardon

Le Christ nous demande de pardonner 70 fois 7 fois ; c’est pour nous faire comprendre qu’il ne faut jamais désespérer et qu’un être humain n’est jamais réductible à ce qu’il fait. Quand même, c’est beaucoup ! Si le fautif ne veut rien entendre, rien reconnaître et ne se soucie pas d’être pardonné, lui proposer le pardon 70 X 7 fois et même 700 fois, ça va changer les choses ?

 

Le Père Lustiger, Archevêque de Paris, a connu au plus profond de lui-même la nécessité et la difficulté du pardon. Il a perdu la majeure partie de sa famille dans les camps d’extermination allemands. Il attirait souvent l’attention sur la prudence nécessaire avec le pardon. Le pardon est évidemment possible si on se dit chrétien. Ce qui n’oblige pas à l’oubli ; car si on oublie, on ne peut pardonner 70 x 7 fois, c’est toujours la première fois, et on n’avance pas. Le pardon est proposé « par nature », c’est ce qui nous rend libres car devenir libre c’est mourir à tout ce qui n’est pas amour ou charité. Le pardon est toujours possible, mais nous ne sommes pas seuls dans cette démarche. Pardonner, comme ça sans savoir ce que vit l’offenseur, sans se soucier de l’aider à s’humaniser, quelle signification cela a-t-il ? Orgueil ? «regardez comme je pardonne bien !». Inconscience ? égocentrisme : le principal c’est que je pardonne ?  Il n’y a qu’un pardon inaltérable, inépuisable, désintéressé, inconditionnel, et sans contrepartie, c’est celui que Dieu nous offre.

 

Si le pardon est toujours possible, offert, il implique trois conditions selon le Père Lustiger.

 

Le pardon est demandé. C’est une démarche volontaire de «l’offenseur», les « offenses » étant souvent de l’ordre de la domination, de la supériorité, du «tu vas voir ce que je vais te mettre ! » ou bien du « qui c’est-y-qu’est l’plus fort ? » Demander le pardon implique de s’inscrire dans une attitude d’humilité, de vérité, qui facilite la suite.

 

La faute doit être reconnue sans réticence, sans restriction, en vérité (la vérité, au sens théologique ne s’oppose pas au «faux», mais au mensonge) ; il y a une démarche de clarté, qui rend tout possible, parce que l’offenseur adopte une attitude digne, humaine, humanisante, au sens donné à ce mot par le père Varillon (voir le mot du mois de mars 2012)

 

La volonté de ne pas recommencer doit être claire ; on ne sollicite pas le pardon du bout des lèvres, ou pour éviter une condamnation et quand c’est acquis, on recommence ; il y a là un appel à une radicale conversion, qui ressemble à une résurrection.

 

Le Père Lustiger concluait : « N’allons pas trop vite avec le pardon ».

 

La Bible utilise souvent un langage poétique ou symbolique qui peut nécessiter une explication et parfois un « décodage ».
Chaque mois, dans cette rubrique, un mot est présenté dans un langage courant, plus accessible à ceux qui ne sont pas familiers de l’Église.

 

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