“Alain nous raconte…”: la Chapelle de Belleroche (suite et fin)

Monsieur PEIN, qui exploite une petite épicerie, – en plein développement avec l’arrivée des habitants de la cité -, au carrefour des rue de Belleroche et Jean-Baptiste Martini, et qui est propriétaire de terrains à usage de vergers et jardins, attenants au sud de sa propriété, sur la commune de LIMAS, fournit le terrain nécessaire à la construction. Il se situe en bordure de la rue Jean-Baptiste à une centaine de mètres du carrefour, (à l’extrémité des actuelles batteries de garages et au voisinage de la copropriété Champ Fleuri). L’autorisation de construire cette chapelle sur le territoire de la commune de LIMAS est obtenue grâce à de fortes pressions du sous-préfet et du maire de Villefranche, exercées sur le  maire de LIMAS, alors catalogué comme farouchement anticlérical. 

Les matériaux de construction proviennent de la récupération d’anciens baraquements en bois appartenant à une entreprise de VENISSIEUX, Il convient donc de démonter, transporter puis ré-assembler tous les éléments sur une assise de béton coulée pour les besoins de la cause.

Chaque habitant participe à cet ouvrage, en fonction des ses capacités et de ses disponibilités.
Et non seulement les hommes, mais aussi les femmes. (Une habitante du quartier se souvient que l’une des tâches féminines avait consisté à dégrafer des planches intérieures les photos de pin-up qui agrémentaient les locaux sommaires édifiés juste après guerre, pour le logement provisoire des ouvriers de l’usine.)

Ainsi, dès l’été 1955, mettent la main à la pâte, non seulement les bons catholiques et autres chrétiens, mais tous les hommes de tous horizons religieux et politiques, de tous milieux sociaux et toutes appartenances syndicales. En ce temps où le communisme nous est présenté comme le pire et plus dangereux ennemi de l’Eglise, des personnes marquées du sceau rouge de la faucille et du marteau, participent à l’édification de la fameuse chapelle en bois.

 

En ce temps-là, vivent à Belleroche des familles d’ouvriers, nombreux à travailler en usine chez Vermorel (usine toute proche rue Montesquieu) Bonnet  et Blédine, mais on y trouve aussi le directeur de la caisse d’allocations familiales, des professeurs des collèges et lycées, des chefs d’entreprise, des balayeurs ou autres éboueurs, un greffier du tribunal, des fonctionnaires, des commerçants, des artisans, des commerciaux, des négociants et autres voyageurs…

 

La chapelle est toute simple.

On y accède depuis la rue par une porte double symboliquement « abritée » par un clocher  composé par quatre poteaux en bois (supports EDF de récupération) inclinés pour se rassembler en flèche vers le ciel et servir de support à l’unique mais indispensable cloche pour appeler les nombreuses ouailles aux offices.

Peut-on parler de nef ?  Une allée centrale dessert des rangées de chaises en bois clair verni d’un modèle courant visible encore dans de nombreuses églises de France

 Le chœur est surélevé de la hauteur de deux marches.

 Le chauffage est assuré par un gros poêle à charbon, et quelques radiateurs fonctionnant au gaz,  qui seront remplacés quelques années plus tard par un plus puissant et moderne appareil à mazout.

intérieur chapelle Belleroche

En arrière du chœur, la sacristie, avec son meuble de rangements des divers vêtements et ornements de l’officiant, une penderie pour les aubes des enfants de chœur (Belleroche marque immédiatement sa modernité en adoptant l’aube, alors qu’à Notre-Dame subsistera longtemps encore la tenue traditionnelle, soutane rouge, surplis de dentelle blanche et petites pantoufles rouges).

La sacristie s’ouvre directement sur le logement du Père CHRISTOPHE, composé d’une cuisine et d’une chambre, et une pièce réservée à l’enseignement du catéchisme.

La construction ainsi édifiée est nommée « chapelle de Belleroche ».

 

L’immense foule des hommes, courbée sous le travail, se redresse, fière de son œuvre, pour une première messe en 1956-57 ? De saintes images de communion solennelle retrouvées dans les imposants et édifiants missels de l’époque attestent de son fonctionnement en 1959.

 

Il reste alors au Père Christophe, entouré de sa solide équipe paroissiale, un important de travail d’élaboration du projet de construction de l’église, et de son financement. En effet, le cardinal Gerlier avait imposé que l’église à édifier soit entièrement financée par les habitants de Villefranche. 

 

chapelle belleroche

 

Alain Dubuis, février 2014