La mer

Après la montagne, la mer ; après tout c’est le temps des vacances.

 L’eau est souvent dans la Bible le signe du désordre ; du danger ; du chaos. Le Dieu de l’Ancien Testament, puis le Christ nous sauvent des eaux. C’est d’ailleurs un des symboles du Baptême : Nous ne reprenons souffle vers une vie nouvelle qu’après le passage dans l’eau qui nous empêche le souffle ; le Baptême nous donne un souffle nouveau, une vie, nouvelle.

 Le passage de la Mer Rouge est l’épisode le plus connu bien qu’il y en ait d’autres. Les Hébreux – Hapirous pour les Egyptiens – conduits par Moïse, trouvent un passage alors que lancés à leur suite, les troupes de Pharaon sont englouties. Peu importe que dans la réalité les Hébreux aient traversé non pas la mer elle-même mais, en direction de Madian, une zone marécageuse à sec en certaines saisons. Le symbole demeure, pour nous faire comprendre que Dieu sauve et qu’il nous veut libres.

 

Et bien sûr, il y a Jonas échappé du ventre de la « baleine » : dans la mer, le chaos, il y a forcément des puissances dangereuses, mais on peut s’en sortir avec l’aide de Dieu, à une condition : la confiance, fruit de la foi ; le cardinal Newman liait la Foi et la confiance, puisque la foi ne se prouve pas ; si la foi se prouvait, elle serait indiscutable et la confiance n’existerait plus. La confiance n’exclut pas, de même que chez Pierre, des moments de doute, voire de confusion ; mais la confiance gagne : « Vers qui irions-nous ? Toi seul a les paroles de la vie éternelle ». (Évangile de saint Jean 6,68)

 

L’essentiel de la prédication de Jésus a eu comme décor les bords de la mer ; dans la réalité un lac, mais si vaste qu’on l’appelle mer. Jésus commence par pêcher quelques pêcheurs : « Viens, suis-moi, je te ferai pêcheur d’hommes ». (Évangile de saint Matthieu 4,19) Autrement dit, viens m’aider à les sortir du chaos, des forces ténébreuses, comme on sort le poisson de l’eau. C’est la lutte contre les forces du paganisme, des croyances crédules.

 

Plus tard, les disciples malmenés par la tempête sur ce même lac appellent au secours ;

Ils sont, au sens propre, mal embarqués ; Jésus lui, dort sereinement. « N’ayez pas peur » leur dit-il ; et la tempête s’apaise. Le Christ domine les éléments menaçants ; il nous met en sûreté. De même, plus tard les disciples le « verront » (comme on dit ah, oui, je vois ce que tu veux dire !) marchant sur les eaux, signe de sa domination sur cet univers symbolisant les forces du mal. À nouveau, il dit : « n’ayez pas peur, c’est moi ». Il est là, rien de mal ne peut nous arriver : « En paix je me couche, aussitôt je m’endors. Toi seul, Seigneur, tu m’établis en sûreté. » (Psaume 4/139) Le Christ apaise les tempêtes, même celles, intérieures, nées de nos angoisses.

 

La vie sur terre vient de la mer, d’où, nous sommes sortis. Les événements bibliques liés à la mer sont là peut-être, pour nous dire : sortez de vos croyances primitives, de vos réactions et comportements animaux : la crainte, l’agressivité, les instincts sans contrôles (Dieu, au moment de la création donne à l’homme domination sur toutes les créatures, donc sur lui-même), la pseudo-liberté parce qu’on méconnaît les mécanismes fondamentaux de la vie ; une vie c’est au contraire s’élever de la matière à l’esprit, toujours plus loin de la soupe originelle, même si elle reste inscrite dans nos atomes et qu’un jour, ce cosmos dont nous gardons les traces, verra l’accomplissement de l’amour de Dieu, le Royaume ; le Christ revenu