Blasphème

Le mot, en passant par le latin, vient d’un mot grec signifiant « dire du mal, injurier ». Il ne vise par conséquent que des paroles , non des actes ou des comportements.

 

Dans le monde juif antique, toute parole insultante pour Dieu était punie de mort, souvent par lapidation. « Ainsi celui qui blasphème le NOM du Seigneur sera mis a mort. » (Lévitique 24, 16) Le Christ lui-même en a été accusé : « …Or, quelques scribes se dirent en eux-mêmes : cet homme blasphème ! » (Évangile de saint Matthieu 9,3) « …Ce n’est pas pour une belle œuvre que nous voulons te lapider, mais pour un blasphème, parce que toi qui es homme, tu te fais Dieu » (Évangile de saint Jean 10,33). Jésus est condamné à mort à ce titre par les Juifs, c’est-à-dire « les chefs » des Juifs : « Qu’avons-nous encore besoin de témoins ! Vous avez entendu le blasphème ! ». (Évangile de saint Marc 14,63)

 

Le blasphème a disparu par étapes de la loi française, depuis les révolutions de 1789 et 1830, puis en 1881 (liberté de la presse) enfin en  1905 (séparation de l’Église et de l’État). Les pays civilisés et démocratiques ont fait de même, se débarrassant de cette barbarie. Le blasphème, qui fut un crime même pour l’Église catholique d’autrefois, revient pourtant dans l’actualité ; de pseudo « autorités » auto-proclamées, décident qui est bon à trucider parce que n’étant pas dans la ligne qu’ils ont décrétée ou parce qu’ils estiment qu’ on caricature leur foi, leur idéal, leurs convictions. Ils se placent ainsi hors de la loi française, par leurs paroles mêmes ; en outre, ils tordent la vérité puisque comme le respect qui est son contraire, le blasphème ne s’adresse qu’à des personnes, pas à des convictions ou des idées.

 

On ne doit pas confondre avec le sacrilège qui attente au sacré, et entre ainsi dans le champ des religions et des croyances. « Le vrai blasphème, pour les Chrétiens, c’est de s’attaquer à la personne humaine… les photos de tortures, d’humiliations, sont plus blasphématoires que des caricatures.» (Revue Études)

 

Ce qui est en jeu bien sûr c’est la liberté d’opinion, donc la tolérance, qui est justement respect des autres. « Tout m’est permis mais tout n’est pas profitable » dit saint Paul ; et il ajoute : «…Le temple de Dieu est saint, et ce temple c’est vous ». (1° Lettre aux Corinthiens 3,17 et 6,12) Le blasphème consiste alors à mépriser l’oeuvre de Dieu, voire à la tenir pour mauvaise ; cela revient à nier la transcendance de Dieu, qui est le « Tout Autre ».

 

Alain de Guido, juin 2016