Sauveur

Noël ! Cri de joie, car l’enfant est le Sauveur ; le nom « Jésus » signifie : le Seigneur est le salut. Jésus est reconnu par les mages ; ces savants, prêtres, se prosternent, reconnaissant que la lumière nouvelle efface leurs anciennes croyances ; les bergers, gens simples, en prise directe avec les événements de la nature, entendent eux aussi le message : « Il vous est né aujourd’hui dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur. » (Évangile de saint Luc 2,11)

 

Ce n’est pas la première fois qu’un Sauveur est donné aux hommes ; avant le Christ, les prophètes reconnaissent en Dieu le Sauveur que l’on attend : « Le Seigneur, le Tout Puissant, protègera Jérusalem, il protègera et délivrera, il épargnera et sauvera. (Livre d’Isaïe 31,5) ce que Dieu confirme : « Car moi, le Seigneur, je suis ton Dieu, le saint d’Israël, ton Sauveur » (Livre d’Isaïe 43,3)

 

Et pourtant, Isaïe rappelle nos faiblesses : « Car tu as oublié Dieu, ton sauveur, tu ne t’es pas souvenu du Rocher, ton refuge ». (Livre d’Isaïe 17,10)

 

Israël, le peuple élu c’est-à-dire nous tous, s’éloigne de Dieu, l’oublie, se tourne vers des idoles, comme le fameux veau d’or ou, de nos jours une accumulation de dérivatifs futiles, de jeux du cirque censés endormir le peuple, d’écrans qui font écran à l’essentiel. À chaque fois, Dieu envoie un sauveur pour le remettre dans le droit chemin, pour renouer avec son peuple son alliance. Dans la Bible, testament signifie témoignage, mais aussi alliance ; Dieu ne se lasse pas de sauver les hommes. Le livre des Juges raconte en détail ces péripéties car Juge signifie Sauveur.

 

Dieu ne se lasse pas, car il sait que l’homme espère, attend, aspire à quelque chose qui le dépasse, le tire de sa condition seulement matérielle ; dès l’âge des cavernes, « métro-boulot-dodo » ça ne suffisait pas. Le peuple était dans l’attente et tous dans leur cœur se demandaient à propos de Jean (le baptiste) : Ne serait-il pas le Messie ? (Évangile de saint Luc, 3,15) Cette attente beaucoup l’ont ignorée ou niée. Dans l’Internationale, ce chant qui fut célèbre, un couplet proclame : « Il n’est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César ni tribun ! » Et ceux qui chantaient ce chant se sont empressés de se doter de dictateurs sanguinaires déifiés dont quelques avatars persistent de nos jours, pour améliorer le score des précédents qui se situe autour de 90 millions de morts.

 

Les hommes, le monde, attendent un Sauveur ; c’est une réalité reconnue même par des scientifiques ethnologues, anthropologues ; cette espérance est une part de la personne humaine ; elle se traduit souvent en espoirs fixés sur les divers « hommes providentiels » sauveurs de la nation ; ils se succèdent, ils passent, les espoirs s’effacent, l’espérance demeure, qui est d’un autre ordre.

 

             « Il est né le divin enfant… le Sauveur que le monde attend »

 

Croyants ou non, pratiquants ou non, nous connaissons ce chant traditionnel de Noël, qui traverse les générations. Le monde attend un Sauveur ; bon mais qu’est-ce exactement qu’un Sauveur ? Le père Varillon dans son livre incontournable, Joie de Croire Joie de Vivre explique :

 

« Qui est sauvé ? L’humanité, l’être humain.

Qui sauve ? Le Christ.

Sauvés de quoi ?  De notre tendance au péché, de notre finitude, seul

Dieu étant infini.

Sauvés pour aboutir à quoi ? À la vie éternelle. »

 

La vie éternelle n’implique aucune notion de durée ; c’est la qualité, la profondeur de la vie ; toujours selon le père Varillon, l’homme est « du divinisable », en cela que justement il espère autre chose ; comme le disait saint Irénée, « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu. » C’est le Salut par le Christ, « donné à l’homme afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » (Évangile de saint Jean 3,16)

 

« Parler du Salut, ce ne sera pas d’abord parler du péché auquel nous sommes arrachés. Ce sera d’abord et surtout, regarder celui qui nous sauve, découvrir vers quoi, vers qui nous sommes sauvés et à quelle plénitude de vie nous sommes appelés. » (Jean Noël Bezançon, Dieu Sauve)

 

Alain de Guido, janvier 2019

 

2 Commentaires

  • Alain de Guido 1 janvier 2019 at 12 h 35 min

    Bravo pour le site, et surtout pour le mot du mois, qui vaut vraiment le coup et hausse le niveau de l’ensemble, comme d’habitude !

  • Rachel 17 janvier 2019 at 7 h 38 min

    Tout est dit avec tellement de simplicité … Le Salut par Dieu en Dieu …

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