Révélation (1)

Une révélation, c’est un dévoilement de ce qui est caché ; un éclairage nouveau sur ce qui est connu ; un langage nouveau donnant à voir un nouvel aspect d’un événement ; tout ce qui met en lumière.

Ce mot revient très souvent dans la Bible, et ce n’est pas un hasard puisque la Bible est l’histoire de la progressive rencontre de l’être humain avec son créateur : l’alliance. Commencée il y a quelques milliers d’années, cette rencontre, déjà bien réelle, n’est pas encore achevée, se précise et s’enrichit en permanence, car le « Royaume » est certes déjà là en la personne du Christ, mais il est aussi à venir dans l’union de tout dans le Christ.

La révélation c’est Dieu qui se donne à connaître. « On devient conscient d’une plénitude qui comble et en même temps nous dépasse et nous rend conscients de notre ignorance. » (Louis Monloubou Dictionnaire Biblique Abrégé) C’est le « mystère » de Dieu, son projet, son dessein pour le monde ; pas quelque chose d’incompréhensible, mais qu’on n’a jamais fini de comprendre car Dieu est bien au-delà de nos capacités humaines ; saint Grégoire de Niazanze écrivait : « Ô toi, l’au-delà de tout, comment t’appeler d’un autre nom ? Quel esprit peut te saisir ? » Dieu, on peut dire ce qu’il n’est pas, un tonnerre, un séisme, mais on ne peut le ressentir que dans un souffle léger (1° Livre des Rois 19) et on ne peut que l’approcher : « aspect de… à la ressemblance de… » (Livre d’Ézéchiel 1,26) car son nom « est au-delà de tout nom ».

La révélation est l’initiative de Dieu. L’être humain la reçoit comme une grâce :

– Collectivement, par les prophètes, les sages, les juges : « Si vous entendez ma voix et gardez mon alliance, vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte. » C’est le coeur de l’Ancien Testament, testament signifiant témoignage mais aussi alliance quand Dieu s’adressait à un peuple, Israël, c’est -à-dire nous tous.

– Individuellement, depuis Abraham, Isaac, Jacob… D’ailleurs, la révélation n’est peut-être que personnelle, car ce qui me parle, ce que je « vois », laisse d’autres indifférents. Le Christ le dit : « Celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé. » (Évangile de saint Jean 12,45) « Celui qui m’a vu a vu le Père. » Il s’adresse à chacun personnellement, il ne dit pas « tous ceux » mais « celui ».

Si la révélation est un événement très personnel, elle se produira de multiples manières :

Un brusque surgissement ; Saül, Juif de 35 ans, « élevé selon la tendance la plus stricte  de la religion, en Pharisien » (Livre des actes des Apôtres 26,5-15) est spécialisé dans la persécution des Chrétiens ; cheminant vers Damas, il tombe foudroyé, entend une voix : « Saül, pourquoi me persécutes-tu ? » Il reste hébété, aveuglé par sa vision, change de vie, devient saint Paul, souvent considéré comme « l’inventeur » du christianisme. Paul Claudel racontant sa conversion à Notre Dame de Paris un soir de Noël 1888, dit : « En un instant, mon cœur fut touché et je crus ». En 1935, André Frossard, futur écrivain et académicien, entre dans une chapelle ; grand-mère juive, mère protestante, père communiste, il a 20 ans, est athée. Il perçoit une lumière « comme l’incandescence de la vérité ; désormais seul Dieu compte pour moi, le reste n’est qu’hypothèse. » (Dieu en questions) Charles Péguy, Charles de Foucauld et bien d’autres ont connu cette même expérience.

Un lent mûrissement par l’enseignement (le caté, ça peut aider !), la lecture de la Parole, la méditation, la raison : Un des astronautes qui ont marché sur la lune en 1969, scientifique de très haut niveau disait : « On sent inévitablement, quand on voit la terre de loin, que ça n’a pas été fait par hasard ; c’est trop beau, il y a un créateur, et ce n’est pas une sensation d’ordre religieux ». D’ailleurs, « la raison bien menée et la foi bien comprise se rejoignent. » (Spinoza, traité Théologico-Politique)

 La contemplation des œuvres de Dieu, de la création, de la nature. Un chant le rappelle, tiré d’un poème de Claudel : « Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes ! ». Saint François d’Assise communiait totalement avec les créatures, qu’il appelait sœurs et frères.

La pratique des rites et des gestes d’une religion. Le philosophe et mathématicien Pascal écrivait au XVII° siècle : « Faites les gestes de la foi et vous croirez. » (Pensées)

 Une vision, un rêve, un ange, toute forme de message qu’on reconnait d’origine divine ; très fréquente dans la Bible, particulièrement dans l’Ancien Testament, la vision est très précisément ce qu’apporte la révélation : « Ah oui, je vois ce que tu veux dire, je vois ce que c’est ! ». Dans le Nouveau Testament, la vision majeure c’est l’Apocalypse ; le langage courant en fait une suite de catastrophes, et certes il y en a dans le Livre de l’Apocalypse ; mais l’essentiel est l’annonce du royaume de Dieu.

Là encore pas de hasard, le mot apocalypse vient du verbe grec « apocaluptein » qui signifie révéler. Ce livre prophétique, poétique, commence par le mot même de révélation ; des secrets y sont protégés par 7 sceaux. Un seul pourra les ouvrir (5,9) :

   « Tu es digne de recevoir le Livre et d’en rompre les sceaux car tu as été immolé »

 

Alain de Guido, mars 2019

Image d’illustration : Conversion de Saint Paul route de Damas, peinture de Caravage entre 1600 et 1604, chapelle Cerasi église Sanat Maria Popolo Rome

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