Révélation (2)

Dans le Christ, Dieu se révèle le plus clairement et le plus complètement possible.

C’est absolu ; à deux reprises, Dieu dit : « Celui-ci est mon fils bien-aimé » :  Au Baptême de Jésus et au moment de la « Transfiguration » quand la nature divine de Jésus est révélée. Trois évangélistes relatent ces événements dans les mêmes termes.

C’est aussi définitif ; Jésus le dit lui-même à plusieurs reprises : « Il n’y aura pas d’autre signe. » Et sur la croix, il conclut : « Tout est accompli » (Évangile de saint Jean 19,30) pendant que dans le Temple le voile se déchire ; ce qui était dissimulé et réservé à quelques-uns est désormais à notre portée.

« Tout est accompli mais tout reste à faire » disait en 2015 le pasteur Marc Pernot. Et c’est à nous de le faire : « Aujourd’hui mon serviteur est mort, maintenant lève-toi, passe le Jourdain. » (Livre de Josué1,1-11)

« Personne ne va au Père s’il ne passe par moi » dit Jésus. (Évangile de saint Jean 14,6)

Par le Christ le Père se révèle, et seulement à celui qui va, se met en marche ; c’est un mouvement ; nous ne pouvons pas rester passifs en attendant que ça tombe tout rôti. Jésus le dit sans cesse : « Lève-toi… marche… va dire… viens, suis-moi, laissez-le aller… » Lui-même marchait et les foules le suivaient car elles avaient entendu : « Je suis le chemin. » (Évangile de saint Jean 14,1-10) elles avaient aussi entendu les « Béatitudes » quand le Christ leur a dit « heureux êtes-vous si… », le mot heureux pouvant aussi avoir le sens, en araméen de : « En marche ! En route ! »

« C’est en Jésus-Christ que le mystère divin est dévoilé et communiqué de façon définitive et complète. Alors, le plus profond de Dieu est révélé à l’homme : que Dieu est le transcendant, qui est aussi le tout proche ; le tout grand qui s’est fait le plus petit ; le tout puissant apparu sous les traits du plus humilié. Dévoilé, le mystère n’en est que plus impénétrable. » (Louis Monloubou Dictionnaire Biblique Abrégé)

La révélation scinde désormais ceux qui connaissent et ceux qui ne connaissent pas : « J’ai reçu connaissance du mystère, j’ai reçu la grâce d’annoncer l’impénétrable richesse du Christ selon le projet que Dieu a exécuté en lui. »

(Lettre de saint Paul aux Éphésiens) Mais selon Karl Barth, Dieu se donne à connaître lui-même ; il ne rend pas savant, il entre en contact. L’important n’est pas un savoir « sur Dieu » mais un savoir « de Dieu ». Bien avant, Melanchton disciple de Luther disait comme Calvin, dans ses cours sur saint Matthieu que « La révélation nous fait connaître ce qu’est la vérité de la vie ; Dieu reste hors de connaissance. On ne connait que ce qu’apporte le Christ. La Bible n’enseigne que ce qui est nécessaire au Salut, et rien d’autre ». Selon le théologien Moltmann la révélation est « une promesse, une orientation qui ne dit pas l’avenir mais l’annonce. Elle ne parle pas de ce qui est, mais de ce qui n’est pas encore ; Jésus ne nous enseigne pas une vision du monde, mais un appel à la conversion »

(Le Dieu Crucifié))

 

« La révélation est un passage des ténèbres à la clarté ; or, plus une lumière est vive, plus elle accentue les ombres » dit le pasteur Étienne Gounelle. (Évangile et Liberté)

 

Finalement, tout est là ; plus on entre dans la révélation, plus il reste à découvrir, parce que, nous dit Esaïe (45,15) « pour sûr, tu es un Dieu caché ».

 

Alain de Guido, avril 2019

Image d’illustration : Transfigurazione di Cristo de Giovanni Bellini (Venezia)

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