Dieu – octobre 2011

Il n’y a de Dieu que Dieu disent les musulmans, dans la Chahada. Cette affirmation répond (1200 ans plus tard) à celle des Juifs : « À toi il est donné de voir, pour que tu saches que c’est le Seigneur qui est Dieu : il n’y en a pas d’autre que lui » ( Deutéronome IV, 35) et encore : « Écoute Israël, le Seigneur est Notre Dieu, le Seigneur est Un » (Deutéronome VI, 4).

Pour les Chrétiens, à la suite de Israélites, le besoin de Dieu est en l’homme dès l’origine ; il est inhérent à la personne humaine : « Cette invitation que Dieu adresse à l’homme de dialoguer avec Lui commence avec l’existence humaine ». (Gaudium et Spes 19,1). Tu nous a fait pour Toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi » (Saint Augustin, Confessions, I,I,I)

 

Ce besoin s’est d’abord manifesté par la création d’une multitude de petits dieux, chacun se chargeant des péripéties de la vie quotidienne. Ce qui n’empêchait pas que règne, au-dessus de tout ce petit monde, un dieu « généraliste », Zeus pour les Grecs par exemple.

 

L’idée d’un Dieu, unique, est née dans l’Antiquité, peut-être en Égypte, quand le Pharaon Amenophis IV a voulu supprimer le culte d’Amon et de tous les dieux qui l’entouraient, pour le remplacer par un Dieu unique : Aton, Dieu de paix et d’harmonie. Amenophis IV, pour bien marquer la rupture, avait pris le nom d’Akhenaton, « celui qui est bénéfique à Aton ». L’idée a germé au sein du peuple d’Israël captif en Égypte. Certains historiens – controversés – sont allés jusqu’à assimiler Akhenaton à Moïse.

 

En même temps que se révélait un Dieu unique, naissait l’idée qu’il était inconnaissable, tellement grand, tellement au-dessus des humains, réunissant en une seule personne la multitude de petits dieux auxquels on pouvait s‘adresser auparavant ; Dieu tellement au-dessus, que la superstition, latente aux marges de toute religion, a rempli le vide en détournant les Saints de leur rôle, en leur conférant les mêmes fonctions que les petits dieux précédents : vous avez perdu quelque chose ? Voyez Saint Antoine. Vous êtes rôtisseur, restaurateur ? Saint Laurent est votre protecteur ; pourquoi ? pardi, parce qu’il est mort grillé !

 

Le reste est à l’avenant, sauf quand la Raison ( à la base – dit le Pape Benoît – de toute foi ) s’en mêle un peu et que les Saints sont considérés comme ils doivent l’être : des humains, comme nous – ça nous est donc possible, tout être humain est appelé à la sainteté – dont la vie nous dit quelque chose de Dieu car en découvrant Dieu ils ont changé de vie et souvent de nom, comme Saül devenu Paul, comme le Christ donnant à Céphas le nom de Pierre, pour marquer sa nouvelle mission.

 

Dieu est insaisissable, inconnu. On ne peut le connaître complètement qu’à la mort finale. Ce qu’il révèle de lui , à Moïse par exemple dans l’épisode du buisson ardent, ne lève pas tout le mystère : « Tu leur diras : Je Suis » ( Exode III, 13-15). La nature de Dieu c’est d’être, et donc d’agir ; il intervient sans cesse dans l’histoire car il est « le premier et le dernier »( Isaïe, XLI,4) indépendamment du temps, qui n’est pas une dimension de Dieu, et indépendamment du lieu, qui n’est pas non plus une dimension de Dieu, puisque « les cieux ne peuvent le contenir » ( I Rois, VIII, 27) « il est partout et les peuples sont devant lui comme un néant » ( Ps, CXXXIX, 7-12). C’est un mystère ; pas au sens où on ne peut comprendre, mais au sens où on n‘a jamais fini de comprendre : il est « le Dieu éternel…qui ne se fatigue ni ne se lasse » ( Isaïe, XL, 28).

 

Approcher la connaissance de Dieu n’est possible que de deux manières :

la Raison appuyée sur la contemplation de la Création.

La Révélation de la réalité de Dieu et de son dessein : « il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne… » (Dei Verbum 2) . Révélation progressive, un peu comme une pédagogie, comme le souligne Saint Irénée : «Le Verbe de Dieu a habité dans l’homme et s’est fait Fils de l’homme pour accoutumer l’homme à saisir Dieu ». D’abord par l’alliance avec un peuple, décrite dans l’Ancien Testament, puis, par l’alliance avec chaque homme, annoncée en la personne du Christ par le Nouveau Testament ( le mot testament signifie « témoignage » ; mais aussi : « alliance »). Alliance d’amour de Dieu pour sa créature ; l’amour de Dieu est le point commun des deux testaments, ancien et nouveau. Dieu se choisit un peuple par amour (Deutéronome, VII, 7), ce qui engage ledit peuple, Israël et nous à sa suite, à répondre à cet amour, sans réserve (Deutéronome, VI,5).

 

Dieu est créateur ; l’acte de création n’appartient qu’à lui. Il donne la vie, avec tous les phénomènes naturels, et nous y sommes libres dans une autonomie dans laquelle il n’intervient pas. Tout acte de création de vie – ce que le Père Varillon ( in joie de croire joie de vivre) appelait les « décisions humanisantes » – est de source divine. Ce qui explique l’universalité, la « catholicité » du message du Christ, qui s’adresse à tout homme, croyant ou non. Le philosophe Michel Serres l’explique et l’explicite : « la religion est l’ensemble des actes d’amour de l’homme ». Le frère John de Taizé rappelle d’ailleurs que « …le Christ n’a pas voulu fonder une religion, il est venu parler de la Vie ». (in la spécificité de la foi chrétienne, éditions de Taizé)

 

Le monde nous est donné ; « Vous avez reçu tous les dons » dit Saint Paul. Le monde est à nous, pas à Dieu : « Mon royaume n’est pas de ce monde » dit Le Christ. Le monde fait d’espace et de temps, est finissable alors que Dieu est infini ; le monde de Dieu, dont le Christ parle inlassablement est celui de l’esprit qui élève, qui transcende, qui nous rapproche du créateur et qui nous aide à comprendre que :

 

Dieu a un autre nom : AMOUR

 

Octobre 2011

La Bible utilise souvent un langage poétique ou symbolique qui peut nécessiter une explication et parfois un « décodage ».
Chaque mois, dans cette rubrique, un mot sera présenté dans un langage courant, plus accessible à ceux qui ne sont pas familiers de l’Église

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