« Alain nous raconte… »: la Chapelle de Belleroche (1er épisode)

La Chapelle de Belleroche 1955-1957

En décembre 1953, une nouvelle cité se dresse sur les terres du domaine du Château de Belleroche.

Les terrains compris entre les voies aujourd’hui nommées avenue Laurent Bonnevay à l’ouest et au nord, rue Jean Baptiste Martini à l’est, et rue de Belleroche au sud, viennent d’être cédés par la Commune de Limas à la Commune de Villefranche. 

Au-delà : 

–  à l’ouest un étang et ses abords boisés (actuel terrain de sport) et encore plus loin des champs de blé (actuel Belleroche-Ouest);

–  au nord les jardins ouvriers et un établissement bien construit en pierres dorées « La Glacière »;

–  à l’est la rue Jean Baptiste Martini, étroite, s’étire  entre la « Glacière » et le hameau des Roches, jusqu’au carrefour avec l’actuelle rue de Belleroche où est implantée l’épicerie de M. et Mme PEIN;

–  au sud : le lotissement de villas des Roches, construites par M. VERMOREL pour y loger quelques familles de son personnel.

Sur ces sept hectares de terrain où était autrefois édifié le château de Belleroche, l’Office Public des HLM du RHONE (actuel OPAC du RHONE) vient de construire huit bâtiments et treize villas jumelées.

On peut encore aujourd’hui apprécier la qualité et la conception de la construction : soubassements de pierres dorées, toits couverts de tuiles, avec un seul logement par palier chaque appartement disposant de fenêtres ouvrant aux quatre points cardinaux, d’une salle d’eau avec bac à douche, d’un large balcon en L ; l’implantation des bâtiments laisse une large place à de grands espaces verts ; l’allée du château bordée de marronniers  a été préservée…

 

A partir de décembre 1953, viennent habiter deux cents familles : couples âgés d’une trentaine d’années avec une moyenne approchant quatre enfants dans les sept bâtiments de l’actuelle rue commandant l’Herminier, avec des familles de six à dix enfants dans les villas.

 

L’abbé Louis Christophe, vicaire à Notre Dame des Marais se voit confier par le cardinal GERLIER, alors archevêque de Lyon, la charge de cette nouvelle paroisse, qu’il placera sous la protection de Jean Marie Vianney, et deviendra ainsi la paroisse du Saint Curé d’Ars.

Cette mission comprend aussi la construction d’une église sur le terrain réservé à cet effet  dans les plans d’urbanisme élaboré dès la fin de la guerre.

 

Pour les enfants que nous sommes alors, l’abbé devient « le père Christophe » ou plus simplement « le père ». Je revois un homme plutôt petit, le visage rond, pommettes saillantes couleur campagne, jovial, le verbe haut, les yeux… à l’écoute. Je vois le visage penché, attentif, les doigts cherchant le tabac dans la blague, bourrant une pipe, les premières bouffées, les premières volutes. Incroyables vertus de la pipe avec ses rituels, ses temps de silence dans l’aspiration à l’allumage, activateur d’attention aux paroles de l’interlocuteur, catalyseur de la lente maturation d’une réponse.

Devant les difficulté de tous ordres (administratives, architecturales, financières) relatives au projet de construction d’une église, il entreprend la construction d’un lieu de culte provisoire à la cité et rassemble très rapidement toutes les énergies des habitants du nouveau quartier. A l’heure où le téléphone n’en est qu’à ses balbutiements (« l’automatique » n’arrivera à Villefranche qu’au début des années 1970), il lui faut peu de temps pour entrer en contact avec chaque famille et mobiliser toute la cité autour du projet.

 

Il connaît les noms de chacune d’elle, le bâtiment dans lequel elle réside, les prénoms des enfants, -avec quelques mélanges de temps en temps, mais les enfants sont si nombreux !-. Il sait pouvoir dans chaque « foyer » arriver à l’improviste à l’heure de la soupe. Tout se passe dans la plus grande simplicité.

 

Une équipe informelle est rapidement constituée qui se met à la recherche d’un terrain, élabore des plans, entreprend la recherche de tous matériaux et fournitures nécessaires à la construction projetée, à vocation provisoire, mais à réaliser au plus tôt.

 

 … la suite au prochain épisode…

 

Alain Dubuis, février 2014