NOTRE PÈRE (9)

Jusqu’à Noël, nous allons réfléchir à ce que dit profondément le Notre Père, aidés par ce qu’ont écrit François d’Assise, les papes François et Benoît XVI, le Cardinal Barbarin, le Cardinal Daniélou, les pères de Bruchard, Bernard Bro dominicain, François Varillon jésuite, Jean-Pierre Batut Évêque de Blois, Frère John de Taizé, Jacques Duquesne journaliste. C’est leur pensée et seulement leur pensée que l’on trouvera dans ces textes ; je n’ai fait que rassembler, mettre en rapport pour faciliter la lecture.

ET DELIVRE-NOUS DU MAL

Dieu désire pour nous la vie en plénitude ; il veut que grâce à notre confiance en lui et avec son aide, nous traversions l’épreuve du mal ou du Mauvais et arrivions à une communion parfaite avec lui. « Heureux l’homme, celui qui supporte l’épreuve ! Sa valeur une fois reconnue, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment. Dieu ne tente personne, mais chacun est éprouvé par sa propre convoitise qui l’attire et le leurre ». (Lettre de saint Jacques 1,12-14)

Voilà ce qu’est le mal : le mal n’est pas quelque chose d’impalpable qui se dissipe comme le brouillard. Satan est une personne, et même très rusée, il sème le mal au milieu du bien et il nous est impossible, à nous les hommes, de les séparer nettement. Mais Dieu pourra le faire.

Le Seigneur nous dit que Satan s’en va quand on le chasse ; mais il revient toujours, même après plusieurs années, quand on est distrait, moins vigilant, il revient pire qu’avant. Comment se comportait le Christ avec Satan ? Ou bien il le chassait, ou bien il recourait à la parole de Dieu, comme dans le désert. Satan a un avantage sur Dieu et sur nous, c’est qu’il ment tout le temps, Dieu non. Le Christ n’a jamais discuté avec Satan parce que si l’on commence, on est perdu. Il est plus intelligent que nous, il nous fait perdre la tête et à la fin, c’est nous qui sommes perdus. Non, va t’en, va t’en !

Le mal et le « Malin » c’est la même chose. Les deux sont indissociables. Et nous venons au Père avec l’espérance centrale de notre foi : sauve-nous, libère-nous ! c’est une demande de rédemption ; le Notre Père dans son ensemble, et cette demande en particulier nous dit : c’est uniquement quand tu auras perdu Dieu que tu seras perdu toi-même ; alors, tu ne seras plus qu’un produit fortuit de l’évolution. Alors, le dragon de l’Apocalypse aura vraiment vaincu. Mais « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Lettre de saint Paul aux Romains 8,31-39)

En demandant d’être délivrés de la puissance du mal, nous demandons, en fin de compte, le règne de Dieu, nous demandons de nous unir à sa volonté, de sanctifier son nom.

Oui, nous pouvons, nous devons demander au Seigneur qu’il délivre le monde, nous-mêmes et les hommes, les peuples qui souffrent en grand nombre une vie insupportable. Nous pouvons et nous devons considérer cette dernière demande comme un examen de conscience, comme une exhortation à collaborer afin que la suprématie des maux et du Mal soit brisée. Mais nous devons ne pas perdre de vue la hiérarchie entre les maux et le Mal par excellence, nous ne devons pas tomber dans la superficialité. Que nous soyons délivrés des péchés signifie aussi que nous discernions le Mal comme la véritable adversité.

« Délivre-nous du mal » fait de nous des hommes libres face au Mauvais ; or il n’y a qu’un homme libre, c’est Jésus, qui affirme : « le prince de ce monde va être jeté dehors ». Et plus tard : « sur moi, il n’a aucun pouvoir ». (saint Jean 12,31) C’est pourquoi être chrétien, c’est imiter le Christ et nous serons capables de l’éloigner d‘une main : « arrière, Satan ! »

Que fait le Mauvais ? Le mal, assurément ; mais quel mal dans ma vie ? Il est le Satan des hébreux, le Diable des grecs, celui qui m’empêche, celui qui m’entrave, me bloque le chemin. Or notre vie est une marche vers le Père. C’est un obstacle ; c’est aussi un menteur, dès l’origine il a menti aux hommes : « pas du tout, si vous mangez ce fruit qu’on vous défend, vous ne mourrez pas ! » le résultat c’est que la mort est entrée dans notre monde. Faire obstacle, mentir, séduire pour nous centrer sur nous-mêmes, nous conduire à la mort, telle est l’œuvre du diable.

Nous avons raison d’attendre ce moment où le mal n’existera plus. Tous dans le genre humain l’attendent. Et cette attente n’est pas vaine, le Christ nous l’annonce : « un royaume vous est préparé où il n’y aura plus de larmes ni de mal ». Toute ma foi est dans cette réalité, nous la célébrons en annonçant le Christ crucifié et ressuscité. L’essence du christianisme, c’est la croix ; « par la croix, le Sauveur a vaincu le mal ». (Lettre de saint Paul aux Colossiens 2,15)

François d’Assise :

Délivre-nous du mal, c’est-à-dire de tout péché et du diable au jour du jugement. Car toi, Christ, tu as dit en prière à ton Père céleste : « Père, je ne te prie pas que tu les retires du monde, mais que tu les préserves du mal ». Et Augustin dit : « Le Seigneur nous garde, non pas en sorte que nous ne souffrions rien d’adverse,

  mais en ce que l’âme ne soit pas blessée par les adversités

Alain DE GUIDO