Pauvres – mai 2011

La Bible, Ancien ou Nouveau testament utilise souvent – peut-être par le passage des traductions successives – des jeux de mots, des doubles sens ; il s’agit de faire image, c’est une manière de pédagogie. Il en est ainsi du mot « pauvre », que l’on entend souvent dans son sens économique : pauvre = sans le sou. Ce n’est certes pas faux, mais ce n’est évidemment pas le sens que lui donnent la Bible ou l’Église. Dans le Magnificat Marie dit de Dieu, reprenant des textes plus anciens : « il disperse les puissants, renverse les trônes, renvoie les riches les mains vides… ». « riches » est assimilé à « puissants » ; d’où il ressort que « pauvres » peut signifier : « humbles ».

Pauvre = humble, petit ; pas gavé par les richesses matérielles ou spirituelles, pas encombré par la satisfaction de soi-même, pas soucieux de se mettre en avant. Cette notion est reprise de l’Ancien Testament : Sophonie ( 2,3) montre « les pauvres et les humbles du Seigneur. » Dans le Psaume 68,6, « Dieu est le père des pauvres ».

Naturellement, le Nouveau Testament amplifie la notion : Luc (19) parle des « pauvres de Dieu». Jésus est envoyé « annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Luc 4,18-19) et il partage leur vie (Marc 2,23-26. Mathieu.12,18. Jean 4,6-7 et 19,28. Luc9,58.). En témoigne – entre autres – la naissance dans l’humble crèche, ou l’entrée à jérusalem monté sur un âne, monture dédaignée par les riches. Jésus habituellement marchait ; en montant sur un âne il montre que c’est par l’humilité que se manifeste sa puissance et celle de Dieu.

Marie, image de l’Église, a bien sûr « la première place parmi les pauvres et les humbles du Seigneur » ( Lumen Gentium, 55), car elle est l’illustration parfaite de la disponibilité à la volonté de Dieu, de la pauvreté « en esprit ».

C’est d’une attitude dans la vie qu’il s’agit, et non de l’état du compte en banque. Le Christ ne nous parle pas d’argent : « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Quand il chasse les marchands du Temple, c’est parce qu’ils vendent les produits que les fidèles doivent offrir ; c’est un rappel que le don de Dieu est gratuit, qu’on ne le gagne pas à coup d’offrandes coûteuses, et que par conséquent l’argent n’a pas sa place dans le rapport à Dieu. En témoigne par exemple la pauvreté des moines ou des prêtres, et du premier d’entre eux, le Pape, qui rappelle qu’il ne possède rien, que tous les dons qu’il reçoit, tous les droits d’auteurs de ses livres sont donnés à des oeuvres. ( Benoît XVI Lumière du monde)

Ce n’est pas l’argent la possession, qui est en cause ; c’est la disponibilité du cœur.
Et pourtant, l’Église se penche aussi sur les pauvres « économiques », les sans le sou, les délaissés. Le Pape Benoît rappelle que « l’Église est au premier rang des actions caritatives dans le monde ».

Elle en fait un signe : l’amour du Christ est pour les pauvres ; tous les pauvres, en esprit ou en richesse.


La Bible utilise souvent un langage poétique ou symbolique qui peut nécessiter une explication et parfois un « décodage ».
Chaque mois, dans cette rubrique, un mot sera présenté dans un langage courant, plus accessible à ceux qui ne sont pas familiers de l’Église.

 

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