Le ciel – août 2011

« Dis maman, où il est Papy, maintenant qu’il a mouru ?

– Been il est au ciel ».

 

On peut ainsi éveiller des vocations de cosmonautes, d’astronomes, mais pour ce qui est de la Foi, qui est aussi comme le rappelle sans cesse le Pape, raison, on passe à côté. Le ciel, lieu de toutes les superstitions et de toutes les craintes ; la bande dessinée Astérix nous a appris que les Gaulois avaient peur qu’il leur tombât sur la tête. C’est aussi dans le ciel que la barque de Râ, le dieu soleil égyptien, accomplissait son cycle quotidien, engendrant la peur qu’il ne réapparaisse pas.

 

Qu’est-ce donc que ce ciel ?

 

D’abord ce n’est pas un lieu. La Bible n’est pas un traité de géographie ; les lieux y sont souvent mentionnés de manière symbolique. Mais le ciel, c’est encore autre chose.

 

Dieu est inconnaissable. On ne peut – selon les anciens – le voir sans mourir. Mais le voyant, quelle clarté ! Saint Jean nous dit : « lorsqu’il paraîtra, nous lui serons semblables puisque nous le verrons tel qu’il est ». (1° lettre de Saint Jean, 3,2)

 

Dieu est inconnaissable ; pour cette raison, les religions ont souvent hésité à lui donner un nom. Car le nom, c’est soi. Les musulmans donnent à Dieu 99 noms, pour exprimer sa présence en tout, mais le centième nom demeure caché, pour exprimer que Dieu est au-delà de ce que nous pouvons nommer, donc nous approprier. Les Juifs ne devaient pas prononcer le nom de Dieu ; ils avaient par conséquent recours à des détours de langage, notamment le tétragramme :  quatre lettres, imprononçables pour exprimer que Dieu est tout autre : YHWH, ( qui se prononcent iod, hé, vav, hé) dont par la suite on a fait Iaveh, et même Jéovah.

 

Mais pour éviter de dire le nom qui est au-delà de tout nom, on a aussi recours à des images : Le Royaume, le Règne, et… le ciel. Le ciel, c’est là où est Dieu. Dieu étant l’autre nom de l’Amour, le ciel c’est là où se vit un Amour, une relation vraie, puisque comme nous le dit encore Saint Jean « n’aimons pas en paroles et de langue, mais en acte et dans la vérité. » ( 1° Lettre de Saint Jean, 3,18)

 

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre, dit la Genèse, récit de la Création.

Quand les Chrétiens disent leur Foi, ils disent le « Credo », le « je Crois en Dieu », dans lequel ils affirment que Dieu est « créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible ». Le ciel , là où se vit un amour, et la terre, que l’on peut rapprocher de ce que le Christ appelait le monde : « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Le royaume  dont parle le Christ est du monde de l’Esprit, invisible mais vital, contrairement au monde visible, plus matériel, et dont nous percevons bien qu’il s’y trouve des choses pas toujours vitales.

 

Le ciel, c’est là que Dieu nous attend, et pas seulement après notre mort terrestre. Et non seulement il nous attend, mais il est venu nous chercher : Le Christ est « descendu du ciel ». Jésus n’ayant rien d’un extra-terrestre (au sens de E.T. !) cette descente du ciel n’est pas un mouvement repérable, (malgré les extravagances de quelques illuminés qui, dans les années 60 voyaient dans la forme ogivale des fenêtres des églises gothiques, un rappel de la forme des fusées). L’Ascension, Jésus retournant au ciel, n’est pas non plus un mouvement repérable, Jésus étant  bientôt caché par des « nuées » ; ce mot qui s’applique toujours à la présence de l’Esprit.

 

On pourrait dire que l’expression « il est descendu du ciel »  marque la filiation, l’origine, la référence constante du Christ à Dieu, et finalement, sa nature divine. Il était présent physiquement, incarné, (par l’Esprit Saint, il a pris chair…) désormais sa présence est de l’ordre de l’Esprit. Il est au ciel, ou règne l’Esprit, par opposition au monde « physique », que nous quitterons tous un jour, et là se réalisera la promesse du christ : «  Là où je suis, vous serez aussi. » ( Évangile de Saint Jean 14,3)