Gloire de Dieu

DIEU TOUT PUISSANT

Dans un coin de notre tête, nous conservons cette idée que Dieu peut tout, sait tout, est partout, s’occupe de tout : puisqu’il concentre en lui tous les soi-disant pouvoirs de tous les petits dieux d’autrefois, puisqu’il a tout créé, «qu’est-ce qu’il doit être fort !». Certains textes bibliques enforcent l’idée. L’Ancien Testament (histoire de l’alliance de Dieu avec les hommes, avant que vienne le Christ) montre souvent que les hommes craignaient un Dieu qui punit, en colère, voire susceptible, jaloux et vindicatif. De ce Dieu «lent à la colère et plein d’amour», on ne retient que son côté colérique. Comme si Dieu n’attendait qu’une occasion de nous punir.

Cette image d’un Dieu tout-puissant est un reliquat de l’enfance, quand nous nous sentions en effet tout puissants, avant que la  sagesse – en prenant «des âges» comme on dit à Lyon – ne nous montre le contraire.

Mais le Christ est venu dire autre chose :

Dieu, si puissant dans nos têtes, s’est fait enfant dans la crèche; faible, démuni, tout entier à notre merci, dépendant ; et le Christ  nous explique : «Qui me voit, voit le Père».  Quoi! Dieu serait cet être fragile, humble, qui attend tellement de nous? Oui.

Quoi ! Dieu serait cet être massacré, défiguré, pendu au bois de la Croix ? Oui. Qui voit le Christ voit le Père. Et Jésus ajoute : «Je suis doux et humble de cœur (Évangile selon Saint Matthieu, 11, 28/31).

Alors, ce Dieu, s’il est doux et humble de cœur, n’est pas Tout-Puissant ? On ne pourrait plus dire à propos des accidents, des meurtres, des scandales (y compris dans l’Église), que «si Dieu existait ça n’arriverait pas»? Non ; on ne peut pas le dire ; ce serait un contre-sens énorme parce que, comme le répétait sans cesse le Père Varillon :

« DIEU n’est Tout-Puissant QUE D’AMOUR »

Dieu aime, il ne peut qu’aimer, au point de partager notre vie : le Christ est pleinement homme. Dieu aime au point de partager nos souffrances. Dire que la souffrance n’a pas de sens est une erreur ; le Christ est venu nous montrer que nous pouvons, à sa suite, donner un sens à notre souffrance, à nos deuils, aux cruautés que la vie parfois nous impose : «Je suis le chemin, la vérité, la vie» (Évangile selon Saint Jean, 14,6).
Le Christ a vécu une souffrance que nous peinons à imaginer. Et il continue de souffrir avec nous ; en disant le «Je Crois en Dieu», nous disons : «Il est descendu aux enfers». Dans nos enfers, de détresse d’abandon et de solitude ; le Pape Benoit va jusqu’à dire que l’Enfer, c’est cette solitude (la mort et l’au-delà).

Élie Wiesel, écrivain-philosophe-moraliste juif, raconte dans un de ses livres qu’un jour pendant sa déportation à Auschwitz, il a assisté à la pendaison d’un jeune homme. Tout le camp est rassemblé, et au moment que meurt le condamné, Wiesel entend derrière lui un déporté gronder : «mais où est Dieu ?». Et l’évidence s’impose : Dieu est là, il est cette victime, il est avec cette victime, avec toutes les victimes de toutes sortes.

 

Novembre 2011

 

La Bible utilise souvent un langage poétique ou symbolique qui peut nécessiter une explication et parfois un « décodage ».  Chaque mois, dans cette rubrique, un mot sera présenté dans un langage courant, plus accessible à ceux qui ne sont pas familiers de l’Église.

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