Le Paradis

Le Paradis, le jardin d’Eden, l’innocence, la confiance en Dieu… Derrière ce mot de paradis, il y a une foule d’images.

Le Paradis, pour les peuples de l’Ancien Testament essentiellement nomades vivant dans des contrées désolées, c’est une oasis, un jardin ombragé. De là vient peut-être la notion d’ Eden, lieu de délices, que rien dans la Bible ne permet de situer ; la Genèse

(2,11-12) nous dit que quatre fleuves issus d’un fleuve originel, le traversent : le Tigre, l’Euphrate, faciles à situer en Mésopotamie ; mais aussi le Pishon et le Ghion, inconnus, relevant peut-être du mythe ; il est possible qu’on nous dise là que l’Eden peut être sur terre, mais aussi ailleurs. L’origine du mot Paradis remonte, à travers les traduction grecques et latines, au Persan antique ; le sens en était « la demeure royale ». le Paradis c’est là que réside le roi, et par facile extension, Dieu.

 

L’Eden est peuplé d’arbres, ce qui permet d’y vivre ; mais ni Eve ni Adam ne doivent manger les fruits de l’ arbre « de la connaissance du Bien et du Mal » (Genèse, 2,8-9). Cette interdiction est le symbole de la limite de notre liberté, de l’impossibilité de s’affranchir des lois de la nature. Notons qu’il n’est jamais question de pomme ! la confusion vient probablement de la traduction du latin : fruit se dit poma.

 

Dieu y donne à l’homme (à l’humanité) la maîtrise sur toute chose et, bien-sûr, la maîtrise de soi-même. Eve (de l’hébreu Hawah, « la vivante ») et Adam (de l’hébreu Adama « la terre ») en seront exclus par leur faute, qui est justement la perte de maîtrise de soi, l’abandon de soi-même à la tentation, vécue comme une mise en cause de Dieu. Le Paradis, c’est être près de Dieu, dans l’état de « justice originelle » ; la justice, c’est être ajusté à Dieu. Le péché, le mal, lié à la nature même de l’homme, entraîne l’éloignement . Il faudra le Christ, souvent  appelé « nouvel Adam » pour apporter le Salut, la proximité avec Dieu.

 

Pour les Chrétiens, le Paradis a longtemps été un lieu où sont accueillies les âmes des justes après la mort ; mais pourquoi n’y aurait-il pas proximité avec Dieu, de notre vivant ?  Sur la croix, Jésus entend un des bandits crucifiés à ses côtés : « prends-moi avec toi dans ton Paradis » ce qui fait écho à ce que disait jésus : « Tous ceux que le Père me donne, viendront à moi » (Évangile de Saint jean, 6,37). Le bandit vient à Jésus, qui lui répond : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras en Paradis » (Évangile de Saint Luc, 3,42). L’important ici, c’est : Avec moi, qui nous renvoie d’une part à : « Nul ne va vers le Père s’il ne passe par moi » (Évangile de Saint Jean 14,6). Mais aussi nous rappelle que le Paradis étant le royaume de Dieu, le Christ EST le royaume de Dieu, le Paradis venu sur terre. Et bien sûr, il y a ce mot : aujourd’hui ; tu viens bien tard, mais tu seras traité comme les autres ; une parabole de Jésus montrait un propriétaire donnant le même salaire aux ouvriers embauchés dès le matin et aux autres, « ouvriers de la onzième heure » (Évangile de Saint Matthieu, 20,1-16). Pour Dieu, le temps ne compte pas : « un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour » ( 2° lettre de Saint Pierre, 3,8), seule compte notre démarche vers lui, tardive ou précoce. Mais cet épisode nous dit aussi que le Paradis ne se « gagne » pas ; en tout cas pas par des «  bonnes actions » pour amadouer Dieu ; mais en donnant par amour, en réponse à l’amour infini de Dieu.

 

Le Cardinal Ratzinger écrivait (la Mort et l’au-delà fayard 1977) : à propos du Paradis : «… il s’agit finalement de  la pure imprégnation de tout l’homme par la plénitude de Dieu, et de la pure ouverture de l’homme qui permet à Dieu d’être tout en toutes choses, et donc le comble lui-même sans limites ».

 

Il s’agit bien d’aller vers Dieu, d’un passage, comme celui des Hébreux franchissant la Mer Rouge, ou comme la Pâque (Pessah = passage) du Christ. Le père Varillon rappelle (Joie de Croire joie de Vivre) que notre passage à nous vers la divinité est fait de chacune de nos décisions, que «notre vie réelle est un tissu de décisions ; Saint Augustin écrivait dans ses « Confessions » : «  nous sommes comparables à une harpe. L’important ce sont les cordes ; ce sont elles qui vibrent. Dans ma vie, ce qui vibre, ce qui me constitue, ce sont mes décisions, petites ou grandes ».

 

Suivons le père Varillon dans son raisonnement :

 

Le Christ est ressuscité. « si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » (1° lettre de Saint Paul aux Colossienns 15-17).

Par conséquent, il est vivant.

Par conséquent, il est présent. Ou ? dans notre liberté, puisque c’est ce qui nous fait hommes.

Par conséquent, il est actif.

Par conséquent, il est transfigurant, parce que Dieu, présent dans notre liberté nous fait devenir ce qu’il est. L’homme n’a pas été créé tout fait ; il est à faire ; Saint Jacques écrit : « …afin que nous soyons le commencement de sa création ». Ce qui nous crée, ce sont nos décisions, si elles sont humanisantes, c’est à dire qu’elles sont des morts à l’égoïsme, car on ne peut se donner et se garder pour soi ( Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui donne sa vie, la garde pour la vie éternelle » (Évangile de Saint Jean 12,20-33). Chaque mort de notre égoïsme est un passage à la vie divine ; le péché, est déshumanisant, c’est le refus de la vie divine, c’est le refus de la proximité avec Dieu, le refus du Paradis.

 

 

La Bible utilise souvent un langage poétique ou symbolique qui peut nécessiter une explication et parfois un « décodage ».  Chaque mois, dans cette rubrique, un mot sera présenté dans un langage courant, plus accessible à ceux qui ne sont pas familiers de l’Église.

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