Heureux, malheureux, maudits, bénits

 

Vous allez sur Google, vous tapez « heureux » vous obtenez 13700000 résultats. Preuve que la recherche du bonheur est une préoccupation très répandue ; c’est bien normal, même si chacun a une définition propre du bonheur. Pourtant, c’est si simple ! On nous propose – au choix et entre autres – «8 principes pour vivre heureux», ou «13 méthodes pour le bonheur». Et aussi des tests «scientifiques» pour savoir si nous sommes heureux ou pas. Autres spécialistes, les «animateurs» d’émissions à la télévision : toutes les deux minutes revient cette scie : «Que du bonheur !» Les empereurs romains connaissaient déjà le truc : « panem et circenses : du pain est des jeux du cirque et le populo nous laisse tranquilles. »

Dans Antigone de Sophocle, le chœur chante : «Quel homme, en partage, reçoit jamais plus de bonheur que ce qu’il en faut pour se croire heureux et tomber de plus haut ?» Oui, si nous attendons du bonheur par la télévision ou les recettes magiques : nous tomberons de haut.

Qu’est-ce donc qu’être heureux ? C’est la question du psalmiste : « Qui nous fera voir le bonheur ? » (psaume 4,7-9). Dans la Bible c’est dans les psaumes qu’on trouve la plus fréquente utilisation du mot ; les psaumes ont souvent – sans entrer dans le détail – la même structure, la même cadence :
1 – Qu’est-ce que je suis malheureux, Seigneur, tu ne m’entends pas !
2 – Si seulement j’en voyais le bout !
3 – Ah Seigneur heureusement, tu es là, et c’est le vrai bonheur !

Dans l’Évangile tout conduit au vrai bonheur ; mais le Christ emploie peu le mot, hors de l’épisode des «Béatitudes» (Évangiles de saint Matthieu ou de saint Luc) : «heureux les doux, les humbles, les assoiffés de justice…» Heureux parce que votre peine peut s’alléger : vous pleurez mais vous serez consolés…

Dans les paroles du Christ, c’est plutôt le mot « malheureux » qui revient ; non comme une condamnation, mais comme un constat, que notre Pape nous aide à comprendre : malheureux, maudits = « comme c’est dommage ! » Ni Dieu ni le Christ ne maudissent ! Quand Jésus dit : « venez, les bénis de mon Père », il ajoute : « allez-vous en loin de moi, maudits…» (Évangile de saint Matthieu 25,31-46). Bénis du Père, mais pas maudits par le Père ; si vous êtes maudits, c’est par vos actions ; le Père Varillon, comme le frère Pierre-Yves de Taizé disent cela souvent.

Malheureux êtes-vous, si… dit Jésus ; dans les Béatitudes, il indique que ça peut changer, il faut le suivre ; pas facile ! Le « jeune homme riche » demande à jésus ce qu’il doit faire ; Jésus lui répond par cinq verbes qui pourraient servir de colonne vertébrale à toute vie : « va, vend, donne, viens, suis-moi » (Évangile de saint Matthieu, 19,16-26). Et le jeune homme, parce que riche, c’est-à-dire plein de choses qui le paralysent, s’en va tout triste.

Suivre le Christ, là est le vrai bonheur ; le Frère Roger Schütz, Prieur de Taizé écrivait :
« La joie parfaite est dans l’élan de qui accourt vers le Christ ».

 

Alain De Guido
IMGP0163