Montagne

Le nombre de prêtres et de religieux qui pratiquent les randos, l’escalade, les ascensions en montagne est impressionnant. On ne peut s’empêcher de penser à ce cantique d’autrefois : « Pluuuus près de toi mon Dieuuu ».

 
La Bible désigne en effet la montagne comme le lieu où Dieu se manifeste. C’est normal ; dans toutes les civilisations à toutes les époques, Dieu, ou les dieux, sont « en haut », parce que sur terre la lumière vient d’en haut ; ce qui a conduit les civilisations antiques, égyptienne et pré-colombienne, à adorer le soleil comme un dieu. Le judaîsme puis le christianisme ont un peu affiné le concept mais on peut en retrouver des traces.

 

Dans l’Ancien Testament, c’est sur une montagne que Moïse rencontre Dieu qui lui confie la Loi ; il lui révèle aussi son nom : « JE SUIS ». Cette montagne c’est l’Horeb, situé en Égypte. Peut-être y a-t-il un lien avec le fait que c’est en Égypte qu’est apparue au pharaon Akhénaton la révélation d’un Dieu unique.

 

Jésus est souvent montré par les évangélistes gravissant une montagne. Au début de la prédication de jésus, Matthieu nous dit : « Quand il vit la foule qui le suivait, Jésus gravit la montagne ; il s’assit et ses disciples s’approchèrent. »(Évangile de saint Matthieu 5)  D’abord, Jésus s’assoit ; seuls ceux qui ont autorité le font. Jésus manifeste qu’il a cette autorité ; et en gravissant une montagne (probablement une petite colline) il manifeste que cette autorité lui vient de Dieu ; c’est donc à nous comme le font les disciples, d’approcher, puisque Dieu est là de toute éternité. C’est à nous de répondre à l’appel.

 

Un événement majeur est situé sur une montagne, le mont Hermon ou le mont Thabor : la Transfiguration. Jésus emmène deux de ses disciples « sur une haute montagne » ; il manifeste ainsi sa proximité avec Dieu, et ce que voient les disciples le confirme : Dieu vient dans une nuée ; comme toujours, la « nuée » est le signe de la présence de Dieu, Père ou Esprit. Et puis les disciples perçoivent une autre apparence de Jésus, un autre corps, comme si Jésus voulait leur montrer que, plus tard, après la Croix, il resterait présent en un corps transformé ; il y a une autre réalité, tout aussi réelle, que le corps de chair.

 

Les épisodes de la Bible se situant sur une montagne ou au moins sur une hauteur sont innombrables, jusqu’à la crucifixion sur le « mont » Golgotha où, nous disent les évangiles, Jésus est « élevé » ; ilrejoint le Père comme en témoigne la première conversion, celle du soldat romain qui reconnaît l’évidence : « celui-là était le fils de Dieu. » (Évangile de saint Marc 15,33-39)

 

Sur la montagne, on se rapproche de Dieu ; bon ; mais pas seulement ; Henrik Ibsen, dramaturge, écrit dans une de ses pièces : « Homme de la plaine, pourquoi gravis-tu la montagne ? Et il répondit : pour voir la plaine. » La montagne, c’est aussi le symbole de ces moments où l’on s’élève au-dessus du quotidien pur regarder ce qui se passe dans sa vie. Que ce soit dans la proximité de Dieu n’est pas plus mal ! 

 

Alain de Guido