Les chiffres dans la Bible

trois, quatre, sept, douze, quarante, sept fois soixante dix, soixante douze et … d’autres  – 1.

Il y a beaucoup de chiffres dans la Bible (sans parler des chapitres et des versets !) ; ça rappelle cette comptine de notre enfance : de quoi qu’y A deux ?  y’a deux testaments, y’a trois en champagne, y’a quatr’ine de Russie, y’a cinq-ronisation, y’a six stème métrique  etc…Le refrain étant « mais y’a qu’un ch’veu sur la tête à Mathieu»

(pas l’Évangéliste ! ) et y’a qu’une dent dans la mâchoire à Jean (pas l’Évangéliste non plus). Théologique, non ?

 

Dans la Bible les chiffres et les nombres ont chacun leur signification, que bien souvent nous avons perdue, encore que, dans le langage courant, populaire, ils sont présents, témoignant ainsi de l’imprégnation dans la société, de la culture chrétienne : ce sera par conséquent dur à extirper, même si certains s’y emploient comme exutoire à leur malaise mué en politique : la laïcité pour beaucoup, ce n’est pas reconnaître les origines indéniables, ce n’est pas laisser libre de croire, c’est empêcher les gens de croire et effacer le plus possible l’héritage chrétien : humaniste, géographique, architectural…

 

Pourquoi ces chiffres ? Il y en a de deux sortes : 

– Certains décrivent des quantités, des durées, des distances, des mesures. Jérôme Martineau, bibliste canadien donne cet exemple : dans l’épisode du paralytique amené à Jésus pour qu’il le guérisse, le brancard est porté par quatre hommes ; rien de mystérieux là- dedans, un brancard c’est deux personnes si la personne n’est pas lourde ou si l’effort n’est pas important ; mais pour passer par le toit de la maison, deux c’est insuffisant, trois c’est impossible ; quatre porteurs, c’est l’évidence.

 

– D’autres chiffres ou nombres sont évidemment, au-delà d’une réalité historique attestée, des symboles, parfois venus de l’Antiquité. On les utilisait soit pour exprimer des réalités insaisissables par des peuples pas très éduqués, soit au contraire pour masquer des concepts ou des idées interdites, soit pour éberluer le gogo avec des divagation ésotériques ou magiques ; les civilisations autour de la Mésopotamie étaient friandes de ces données.

 

Dans la Bible, les chiffres sont toujours destinés à donner sens à un épisode, à un événement. Donner un sens, c’est la définition de la communication ; les chiffres la facilitent. Ils servent de points de repère aisés là où les langages différents font obstacle.

 

La plupart de ces symboles trouvent leurs racines dans la Kabbale juive ; de nos jours, au-delà d’un intérêt intellectuel ou amusé, seuls quelques uns de ces chiffres peuvent améliorer notre compréhension des Écritures.

Prenons, dans l’ordre, trois, sept, douze, quarante et soixante dix (pour les autres, souscrivez un abonnement de plusieurs années au « mot du mois » et encore, cela ne suffira peut-être pas). Nous allons donc « faire court. » 

 

TROIS

Vous le savez bien :  quand, chaque jour vous lisez la Bible (non ?), vous rencontrez partout ce chiffre trois et ses multiples.

On pense d’abord évidemment à la Trinité. Trois personnes le Père, le Fils et l’Esprit Saint qui les unit. Mais l’Évangile parle aussi beaucoup de trois jours. Dans l’Ancien Testament ( Osée, Jonas…) ces trois jours sont un temps vers la libération, la renaissance. Dans le Nouveau Testament, ils évoquent toujours la Résurrection du Christ le troisième jour : « Détruisez ce temple, en trois jours je le relèverai » (Évangile de saint Jean, 2,13-22). Saint Jean annonce la Résurrection grâce à l’épisode des noces de Cana : le Christ se met au service de la fête en remplaçant le vin manquant par un vin meilleur ; meilleur parce que venant de Dieu : «le troisième jour il y eut une noce à Cana». (Évangile de saint Jean, 2,1-11). Saint Jean ne dit pas avant ou après quoi ces trois jours, parce que l’important c’est seulement « trois jours ».

Trois jours, c’est aussi « peu de temps ».

Il y a bien sûr une infinité d’autres symboles liés au chiffre trois : par exemple, trois peut exprimer la totalité : présent, passé et avenir.

 

SEPT

 Il y a entre autres les sept dons de l’Esprit, les sept péchés capitaux – en lien avec les précédents – les sept jours de la Création, qui ne sont que six, puisque Dieu se repose le septième jour, lequel pour cette raison est devenu le premier jour de la semaine : le dimanche.

 

Trois personnes, n’en faisant qu’une la quatrième ; 4, le chiffre qui indique le monde, le cosmos ; il y a quatre points cardinaux ; mais surtout, au jardin d’Eden, le Paradis originel ont trouve quatre fleuves : le Pishon, le Ghion – inconnus géographiquement – le Tigre et l’Euphrate. La symbolique des chiffres date en gros de Pythagore, célèbre mathématicien, en passant pas la Mésopostamie où se trouvent deux des fleuves du Paradis.

Trois personnes qui n’en font qu’une quatrième, ça donne : 3+4=7. Ou encore 3×4=12 ; et même, en additionnant les deux chiffres du nombre 12 : 1+2=3. On peut ratiociner, délirer à l’infini, les ésotéristes et tétracapillosectomistes ( coupeurs de cheveux en quatre) en font profession.

 

La Bible serait un traité d’arithmétique ? ou de géométrie ? Le triangle rectangle est bâti sur les chiffres 3 et 4 : petit côté de valeur 3, grand côté de valeur 4 ; l’hypothénuse (le truc de travers qui joint les deux côtés à angle droit) a une valeur de 5. Et puis si vous comptez bien, 3+4+5 ça fait 12 !

 

 Dans les Écritures, le chiffre sept indique la plénitude c’est-à-dire la paix en lien avec les sept jours de la Création ; quand le Christ rencontre la Samaritaine (Évangile de saint Jean 4,1-30) il lui rappelle qu’elle a eu cinq maris, vit avec un sixième ; Jésus est donc le septième homme dans sa vie ; plénitude, achèvement. (conférence de Carême 2013 à ND de Paris, du Père Aupetit, Évêque auxiliaire).

 

DOUZE

Ce chiffre exprime le choix, l’élection ; Il y a évidemment les douze apôtres, symbolisant les douze tribus d’Israël ; chiffre « parlant », au point que, Judas disparu, on a conservé le nom « les Douze ».

 Lors de la multiplication des pains, il reste de quoi remplir douze corbeilles : la parole de Dieu aura beau être partagée, elle est toujours suffisante pour rassasier le peuple élu.

 

Ce chiffre est aussi une référence au Zodiaque, hérité de l’Antiquité, comme symbole du cosmos, terme de l’extension du royaume de Dieu ; les charlatans l’utilisent pour faire croire qu’on peut prédire l’avenir, lequel nous est évidemment impénétrable. On demandait un jour à un chrétien : quel est votre signe ? Il répondit : le signe de la Croix. Nous ne devrions pas avoir d’autre réponse, si, comme nous y invite la « devise » de la Paroisse, notre modèle c’est le Christ. Inaccessible étoile qui devrait nous faciliter la mise en œuvre des actions de « Nouvelle Évangélisation ».

 

Suite, au prochain numéro (c’est le cas de le dire)

 

La Bible utilise souvent un langage poétique ou symbolique qui peut nécessiter une explication et parfois un « décodage ».  Chaque mois, dans cette rubrique, un mot sera présenté dans un langage courant, plus accessible à ceux qui ne sont pas familiers de l’Église.

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Contact : Alain de Guido, 04 74 60 05 17