Non

Le Christ dit rarement non. Ce n’est sûrement pas par hasard, et quand il le fait c’est toujours suivi d’une recommandation : « Ne faîtes pas… mais faîtes…» À d’autres occasions il pratique l’antithèse : « On vous a dit… et moi je vous dis… » La Parole est toujours positive, tournée vers l’avenir, vers un autre état de notre être ; c’est évident dans le « discours sur la montagne » au chapitre dit des Béatitudes. (Évangile de saint Matthieu 5,3-12) Par exemple : « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, ils seront rassasiés. » Il y a toujours un mieux possible. L’autre monde, ce n’est pas un monde nouveau ; c’est, disait le Cardinal Ratzinger « un monde transformé. »

Il ne s’agit donc pas de morale, qui pose des interdits. On peut constater que la plupart des Conciles ont émis des préceptes négatifs : « Si vous faîtes ceci, voilà ce qui vous arrivera. » Vatican II est le premier concile à ne s’exprimer qu’en positif ; c’est peut-être la véritable « révolution » de Vatican II que d’avoir mis l’Église au diapason de Jésus, qui ne parle pas de morale mais d’amour.

Désormais, c’est par amour que nous faisons nôtres certaines attitudes ou certains comportements, et non pour gagner l’indulgence de Dieu, qui est par nature indulgent.
On chante à Taizé : « Dieu ne peut que donner son amour, notre Dieu est tendresse. »
Ainsi, nous accomplissons la Loi : « Celui qui aime autrui a de ce fait accompli la Loi… la charité est donc la Loi dans sa plénitude. » (Lettre de saint Paul aux Romains 13,8-10)

Pas de morale, mais une présence, qui nous tire vers le haut : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu » disaient saint Athanase et saint Irénée. Une présence qui nous entraîne dans une ascension, nous tire de « ce monde » vers une spiritualité, une vie « en esprit ».

Ainsi, les 613 commandements de l’Ancien Testament se trouvent résumés, concrétisés, cristallisés en un seul ; rien n’est aboli, tout est accompli.