FAMILLE

       « Un enfant nous est né, un fils nous est donné »

La famille s’agrandit ! Car c’est bien de famille qu’il s’agit. À la crèche, nous ne voyons pas seulement un nouveau-né ; il est entouré de son père et de sa mère, sans qui il ne serait pas là. Ce qui nous est donné à voir, c’est le fondement de toute existence. Sur la relation d’un enfant avec ses deux parents complémentaires, se construit son avenir équilibré « Jésus grandissait en sagesse devant Dieu et devant les hommes » (Évangile de saint Luc 2,52). Devant les hommes on imagine bien : la famille, les voisins, le village. Et devant Dieu, qui le lui a appris ? Ses parents, l’un qui lui a transmis son métier, l’autre qui gardait toutes ces choses dans son cœur : « Je garde tout dans mon cœur et le jour vient où je le raconterai. Depuis le premier jour il m’a été confié. Aurais-je pu le lui dire autrement qu’en le remettent chaque jour à Dieu ? » (Frère Luc de Taizé, voix de Pâques) et surtout les deux, ensemble lui ont donné les bases de la vie, chacun à sa manière, différenciées, complémentaires.

L’Église le rappelle dans sa doctrine sociale, d’accord en cela avec médecins, psychologues, scientifiques, philosophes : « Le but de la vie est de transmettre la vie ». Comment fait-on ?

Au commencement, était…

Il faut remonter aux origines, à ce que dit la Genèse. (1,27) : « Dieu créa l’Homme, il les créa ; cette vérité essentielle au sujet de l’Homme se réfère autant à l’homme qu’à la femme. » (Jean-Paul II « à l’image de Dieu homme et femme ») Et comme le dit le récit de la création, Dieu vit que cela était bon, il les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-là ». (Livre de la Genèse2,28)

Dieu parle à tous les deux, pas à un seul se passant de l’autre, car à eux deux ils sont l’Homme, c’est-à-dire l’humanité. « N’avez-vous pas vu, que dès l’origine, le Créateur les fit homme et femme ? » (Évangile de saint Matthieu 19,4) La différence de sexe est d’ailleurs clairement indiquée dans la Genèse, pour l’homme et la femme seulement, pas pour les autres espèces.

La paternité est importante, souligne Jean-Paul II se référant encore à la Genèse (5,3) :

« Adam engendra un fils à son image, à sa ressemblance, ce qui se rattache explicitement à la création de l’Homme et semble attribuer à l’homme, père terrestre, la participation à l’œuvre divine de transmission de la vie. »

La généalogie, c’est l’identité

Dans la Bible, tout commence souvent par une généalogie des personnages, une généalogie du père ; ce qui ne signifie pas que la mère n’a pas d’importance évidemment ; mais cela exprime que la filiation – donc les références, donc les repères dans la vie et dans l’histoire – passe par la présence du père ; c’est par lui qu’on s’établit dans l’existence. Dans l’Évangile, à la question « d’où est-il ? » posée à propos de Jésus, la réponse est sans équivoque : « Le fils de Joseph. » La généalogie, la filiation, c’est l’identité, l’insertion dans la communauté humaine. Pas de repère sans père. Le Professeur Osterrieth disait que le père joue aussi le rôle de punching-ball, l’enfant se construit en partie dans ce rapport.

Dans l’encyclique Evangelium Vitae, Jean-Paul II rappelle que la vie est le premier des droits et « elle s’étend de la conception à sa fin naturelle. » Il n’existe par conséquent pas de droit à l’enfant ; existent les droits de l’enfant, reconnus internationalement ; et le premier de ces droits est de recevoir la vie d’un père et d’une mère, de vivre avec ces deux images, différentes et complémentaires, pour un développement harmonieux. Cela sert le « bien commun » de la société et bien-sûr de la première, la famille. Aller au-delà c’est faire fi du bien commun pour mettre la société au service des intérêts individuels et égoïstes. Ceux qui sont en charge de la société ne devraient se préoccuper que du bien commun et en l’occurrence, de la quasi-disparition du père.

Que dit la doctrine sociale de l’Église ?

« La famille est l’Église domestique, les parents en sont les évêques ». L’État et les institutions civiles doivent reconnaître la priorité de la famille, société naturelle fondée sur le mariage, sur toute autre communauté qui ne sert pas le bien commun.

Première cellule vitale de la société, première structure fondamentale pour une écologie humaine, l’être humain y reçoit les notions déterminantes concernant la vérité et le bien, notamment celle que la vie se transmet par un couple homme-femme. Le rôle maternel et paternel sont de même importance ; la famille est un lieu de communion où grandit une communauté de personnes, où le don désintéressé est accordé librement et mutuellement. En accueillant la vie, les parents contribuent à la communion des générations, apport essentiel au développement de la société.

Monseigneur Aupetit Archevêque de Paris rappelait récemment que ce n’est pas parce qu’une majorité pense quelque chose, que cette chose est juste.

Alain de Guido, décembre 2019