L’ARC DE TRIOMPHE

– Vous connaissez l’Arc de Triomphe, à Paris ?

– cette idée, bien sûr !

– vous pouvez le décrire ?

– ah oui, il y a une arche, des statues sur les murs, et puis la flamme du soldat inconnu.

– quelles statues ? Et dedans, c’est comment ? Et sur le côté ? Et derrière ?

– ah, çàààà… pareil que devant, non ?  Je n’ai jamais fait vraiment attention, il faudrait faire le tour, je vois bien en gros, mais les détails…

Il n’y a pas que l’Arc de Triomphe ; on voit bien, on se représente en gros les choses dont on parle, mais les détails… oui, il faudrait faire le tour, c’est-à-dire voir ça de plusieurs façons, de plusieurs points de vue.

Pour les chrétiens, les événements importants ce sont, outre Noël bien sûr, surtout Pâques c’est-à-dire la Résurrection, l’Ascension et la Pentecôte. Chacun de ces moments est un aspect d’un même événement en changeant de point de vue ; le tout nous amenant à bien comprendre. Ces trois événements donc, qu’on nous présente comme étalés dans le temps, ne sont qu’un seul moment. Et même ce qui se passe au moment que meurt le Christ, la Crucifixion, en fait partie ; ce sont les faces d’un même événement, comme l’Arc de Triomphe n’a pas qu’un côté.

Quand Jésus meurt, se produisent nous disent les Écritures, plusieurs phénomènes et notamment : la terre tremble et le voile dans le Temple se déchire. (Évangile de saint Matthieu 27,51)

La terre tremble, c’est-à-dire que ce qui était n’est plus assuré ; un monde nouveau s’annonce. Le sol n’est plus stable, comme quand on a un peu trop goûté le vin nouveau ; c’est exactement ce que pensent les gens qui regardent les disciples le jour de la Pentecôte, ils sont ivres !  Et pourtant non, ou alors ivres de joie, parce qu’ils ont – enfin – compris ce que leur disait le Christ : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » (Évangile de saint Matthieu 28,16). Il n’est donc pas mort, puisqu’il est là, et non seulement avec nous, mais « au milieu de nous » (Évangile de saint Matthieu 12,15) c’est-à-dire, à condition que nous soyons ensemble, unis, dans un même esprit, au plus profond de chacun de nous. L’Esprit saint est là parce que c’est lui qui nous permet de comprendre.

Et le voile du Temple se déchire ; il isolait la partie « sacrée » à laquelle seuls les prêtres avaient accès ; désormais, tout nous est donné, nous avons, sans intermédiaires, accès à Dieu, c’est ce que voulait le Christ : « tout est accompli ». Quand un voile se déchire, on voit enfin clairement ; et ce qu’on voit, c’est que nous sommes nous aussi enfants de Dieu, descendus du ciel (au sens généalogique) c’est-à-dire appelés à la sainteté, à nous dépasser, à accepter et cheminer vers ce qui nous dépasse et qui nous sort de notre faible et fragile humanité. Nous sommes, selon le père Varillon « du divinisable » (Joie de Croire, Joie de Vivre). C’est ce que disaient saint Athanase et saint Irénée : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu ». Nous sommes entraînés dans l’ascension du Christ.  Les trois événements que clôt la Pentecôte, il faut les voir ensemble, sinon on ne voit qu’un côté de l’Arc de Triomphe !

                        À la Pentecôte, tout ce qu’a dit et vécu le Christ, prend sens

Alain de Guido, mai 2020