NOTRE PÈRE (8)

Jusqu’à Noël, nous allons réfléchir à ce que dit profondément le Notre Père, aidés par ce qu’ont écrit François d’Assise, les papes François et Benoît XVI, le Cardinal Barbarin, le Cardinal Daniélou, les pères de Bruchard, Bernard Bro dominicain, François Varillon jésuite, Jean-Pierre Batut Évêque de Blois, Frère John de Taizé, Jacques Duquesne journaliste. C’est leur pensée et seulement leur pensée que l’on trouvera dans ces textes ; je n’ai fait que rassembler, mettre en rapport pour faciliter la lecture.

            GARDE-NOUS DE LA TENTATION

Dieu ne nous pousse pas au péché, au contraire il nous en préserve autant que nous le pouvons. « Ne dis pas : c’est le Seigneur qui m’a fait pécher, car il ne fait pas ce qu’il a en horreur… Il n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne licence de pécher ». (Livre du Siracide 15,11-20)

« L’esprit est ardent mais la chair est faible » dit Jésus à ses disciples endormis pendant que lui priait sentant venir sa passion. (saint Matthieu 26,41) La chair, c’est-à-dire l’humanité laissée à ses seules ressources, est démunie devant le Tentateur. Voilà pourquoi il nous faut prier afin d’être protégés par Dieu.

Jésus m’invite à ne pas fanfaronner dans la prière ; il ne cherche pas à m’expliquer le mal, ça me dépasse, je ne le comprendrai jamais. Il m’apprend à dire non, et je n’aurai pas honte de le faire puisque lui-même le fait. Sans liberté, je n’ai même pas la possibilité de dire non, de résister au mauvais.

« Veillez et priez afin de ne pas entrer en tentation » dit Jésus à ses disciples ; c’est ce que nous faisons dans cette demande ; ce qui nous guide, c’est la confiance ; la tentation est justement de ne pas faire confiance ; nous n’exigeons pas, comme ont pu le faire les Israelites dans le désert jusqu’à accuser Dieu, jusqu’à construire un Dieu à notre image. Cette demande reprend l’attitude de Moïse : « Seigneur, aide-moi ! Montre-moi le chemin ! ». (livre de l’Exode 17,4)

Tentation, en grec est un mot proche de épreuve ; Dieu ne tente pas, saint Jacques le dit : « Que personne, dans l’épreuve de la tentation, dise : ma tentation vient de Dieu. Dieu ne tente personne ». (Lettre de saint Jacques 1,13) Mais il se sert de nos épreuves pour voir si nous ne l’aimons pas seulement en protestations : « ce n’est pas celui qui dit Seigneur, Seigneur, qui entre dans le royaume ». (saint Matthieu 7,31) Voilà pourquoi nous demandons que l’épreuve ne soit pas trop lourde car nous savons que nous risquons de tomber dans les pièges de Satan. Dieu éprouve et le diable tente. Mais notre peur de succomber est une preuve d’amour : je voudrais tant ne pas te trahir, alors garde-moi des épreuves trop grandes !

Pierre, craignant de se noyer, implore Jésus : « Seigneur, sauve-moi ! » (saint Matthieu 14,30) et Jésus lui tend la main ; quand nous avons besoin d’aide, Jésus nous dit de nous adresser au Père avec confiance.

L’homme a besoin de purifications, de transformations, dangereuses pour lui, où il peut chuter, des épreuves pourtant indispensables pour se rejoindre lui-même et rejoindre Dieu. Dans cette demande, nous exprimons que « l’ennemi » ne peut rien contre nous si Dieu ne le permet pas car il ne nous laissera pas éprouver au-delà de nos forces.

François d’Assise :

Garde-nous de la tentation, c’est-à-dire ne souffre pas que nous soyons vaincus par le diable tentateur, que nous ne revêtions pas sa puissance ; mais arrache-nous, comme il est écrit : Que nous soyons par toi arrachés à la tentation

            et qu’en mon Dieu, je franchisse le mur

Alain DE GUIDO