St Roch et le Beaujolais éprouvé par la peste

La peste sévit à Villefranche du milieu de XIVe siècle à la fin du XVIIe. En 1564 on compta 2000 décès sur une population de 4000 habitants !

Chapelle St Roch à Gleizé (privée)

La chapelle St Roch à Gleizé fut édifiée après cette terrible année 1564. La paroisse de Villefranche, comme beaucoup d’autres, se voua à « Monsieur Saint Roch ». Les échevins firent alors édifier la chapelle qui se trouve toujours à Gleizé, en haut de la montée du même nom.

Bulletin Municipal de GLEIZE Juin 1981 – N°8-Article de Jean SANLAVILLE : La CHAPELLE de SAINT-ROCH à GLEIZÉ

Une Chapelle St Roch dans la collégiale Notre Dame des Marais

« Saint Roch soigné par l’ange »
Le retable de saint Roch avec son tableau, huile sur toile datée de 1633 est classé monument historique depuis le 16 mai 2003. Saint Roch y est coiffé du chapeau de pèlerin et porte le bourdon dans sa main gauche, attributs habituels des pèlerins. Sur la droite et en bas du tableau l’on peut apercevoir un chien apportant un pain à saint Roch.
Source: « Notre Dame des Marais, une église dans la ville », de Daniel Rosetta, éd. du Poutan

Cette chapelle appartenait à la confrérie des cordonniers dont les patrons étaient saint Crépin et saint Crépinien. Elle y organisait des cérémonies religieuses au moment des fêtes des saints patrons ou de funérailles de confrères. Cette confrérie possédait dans la ville une maison dont la location lui permettait de payer le service rendu par les chanoines de Notre Dame.

Qui était St Roch ?

( Prononcez « Saint Rô » à la beaujolaise ! )

Saint Roch est né à Montpellier entre 1348 et 1350. Lorsque l’enfant naquit, il portait au côté droit l’image de la croix : C’était l’indice d’une vocation de dévouement et de sacrifice, d’un véritable appel de Dieu !

La peste noire, déclarée en Chine en 1333, progressa peu à peu vers l’ouest et arriva en Italie en 1348. Elle fit un nombre effrayant de morts. L’Europe perdit un tiers de ses habitants, l’Italie fut particulièrement éprouvée. Autour de Sienne moururent 70 000 personnes, à Florence 100 000, et Marseille et Avignon furent presque dépeuplées. Dans certaines villes se développa une grande panique, tout le monde prit la fuite abandonnant les malades. Les bras manquaient pour ensevelir les morts.

Devant cette catastrophe, le jeune Roch sentit s’éveiller en lui sa véritable vocation. Il part, vêtu en pèlerin, en direction de l’Italie. Au cours de son chemin, il s’arrête dans quelques hôpitaux pour soigner et panser les plaies des malades, surtout ceux victimes de la peste. Et déjà, la tradition rapporte qu’il leur rendait la santé par le signe de la croix.

A force d’être au contact de la peste, Roch finit par contracter lui-même la maladie. Pour ne pas infester les autres il s’isola dans une forêt où il fut nourri par le chien d’un seigneur des environs. Là, se sentant défaillir, il se laissa tomber au pied d’un arbre, pour y mourir seul. Mais un ange lui apparaît et le console en lui suggérant que ses souffrances sont agréables à Dieu… Quand l’apparition s’évanouit, sur le lieu-même occupé par l’ange, Roch voit jaillir de terre une source vive dont l’eau apaise sa fièvre et lui permet de laver sa plaie.

Vers l’âge de trente ans, Roch ayant retrouvé quelques forces reprit sa route pour rentrer chez lui. Il serait mort en prison entre 1376 et 1379. Des témoins assurèrent que le cachot s’illumina, et que le dernier souhait que fit Roch à l’ange venu l’assister fut d’intercéder pour les gens en souffrance. Est-il mort à Voghera en Lombardie, ou dans sa patrie à Montpellier? Les deux versions ont en tout cas un point commun : Saint Roch est mort en prison, victime de la méfiance de son entourage dans une période troublée et il a accepté son sort avec abnégation comme une manifestation de la volonté divine.

Le culte de saint Roch se répandit dans les provinces du Midi, puis en France et dans toute l’Europe, et fit l’objet d’une proclamation solennelle par le pape Urbain VIII en 1629. Cette canonisation tardive, 250 ans après sa mort, ne fit qu’officialiser une dévotion déjà bien établie et qui avait pris beaucoup d’extension.

Extrait de Saint Roch Son histoire mêlée à sa légende, son culte, ses représentations – par Henri Bourbon

La chapelle de la Madone à Fleurie, pas bien loin de chez nous, dont on ne sait plus si elle fut construite pour demander à la Vierge d’arrêter l’invasion des Prussiens ou bien pour obtenir la protection du Ciel contre l’invasion de l’oïdium apparu en 1855 dans ces vignobles réputés du Beaujolais. À moins que ce ne soit pour les deux ! En tout cas, lorsque les vignerons s’unirent pour construire cette « chapelle de la Madone », ils pensèrent qu’il serait sage de s’attirer aussi la protection de saint Roch pour lutter contre les maladies de la vigne.

C’est pourquoi, en plus de la statue de la Vierge sur le clocheton, ils surmontèrent le porche d’une magnifique statue du saint avec cette inscription :

« Saint Roch, protégez-nous« 

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