Social

« L’Homme est un animal social » disait Aristote (Le Politique) ; il est naturellement enclin à vivre avec d’autres. Aux premiers temps du christianisme, les adeptes de cette petite secte juive étaient appelés « ceux qui se rassemblent ».

L’Église ne dit pas autre chose quand elle dit qu’on ne peut être Chrétien tout seul dans son coin, parce que justement, être Chrétien c’est d’abord et surtout se tourner vers les autres dans un esprit de service, de don de soi. Au cours de la Messe, quand chacun est appelé à transmettre « la paix du Christ » à ses voisins, on se situe dans cette même logique.

 

C’est pourquoi l’Église se situe au cœur des préoccupations de notre société humaine, étendue aux dimensions du monde ; le pape Benoît  rappelait que 40% des actions caritatives dans le monde sont le fait de l’Église, (Lumière du Monde) ce qui est une étape vers la réalisation du dessein de Dieu : l’avènement définitif du Christ quand tout le cosmos sera le Royaume.

 

L’Église a élaboré une « doctrine sociale », expression du projet de Dieu concernant l’humanité. Il ne s’agit pas seulement d’une morale, mais d’une pensée appuyée sur ce qui est fondamental (éternel ?) dans l’humanité. C’est de l’anthropologie, qui se situant « aux racines de l’humain » rappelle la place de l’homme dans l’univers, et son sens. Sans pour autant rejeter ceux qui ne pensent ou ne vivent pas la même chose, il s’agit de dire le vrai, c’est-à-dire des propositions, des principes que même des non-croyants peuvent reconnaître. Les événements récents autour du « mariage pour tous » ont été une illustration : dire que pour fonder une famille il faut sans toute la nature un élément femelle et un autre mâle, dans l’humanité une femme et un homme, c’est rappeler les conditions universelles de transmission de la vie, qui est notre seule raison d’être sur terre. Si d’autres vivent autrement, est-ce pour autant qu’il faille se taire ? est-ce pour autant se montrer « quelquechosephobe » ?

 

L’être humain est un animal social ? Cela n’implique pas qu’il soit inféodé à la société, comme le concevaient les marxistes avec les résultats que l’on sait. C’est l’inverse qui doit se produire : l’organisation sociale, les rapports entre les hommes et les organisations, les échanges commerciaux, le progrès technique, tout cela doit être au service de l’Homme, au « bien commun », notion centrale de la doctrine sociale ; l’Église y travaille et notamment notre Pape François, qualifié par des aveugles ne sachant pas lire, de « Pape communiste » quand il s’interroge sur les déviations de la technologie et de la finance, ces deux tares du libéralisme qui servent le bien de quelques uns au détriment des plus faibles, mais pas souvent le bien commun.

 

Mais la doctrine sociale de l’Église n ‘est pas une troisième voie politique. À la différence des théologies de libération qui en Amérique du sud notamment avaient adhéré aux schémas marxistes, c’est une « théologie du peuple ». Elle est l’expression, la mise en actes de la Révélation divine. L’Homme vaut non pas parce qu’il produit et génère du profit, mais parce qu’il est créature « à l’image de Dieu » (mais pas semblable) par conséquent appelé à continuer la création, par conséquent divinisable, au sens que donnait à ce mot le Père Varillon. (Joie de Croire, Joie de Vivre)

 

Alain de Guido