NOTRE PÈRE (4)

Jusqu’à Noël, nous allons réfléchir à ce que dit profondément le Notre Père, aidés par ce qu’ont écrit François d’Assise, les papes François et Benoît XVI, le Cardinal Barbarin, le Cardinal Daniélou, les pères de Bruchard, Bernard Bro dominicain, François Varillon jésuite, Jean-Pierre Batut Évêque de Blois, Frère John de Taizé, Jacques Duquesne journaliste. C’est leur pensée et seulement leur pensée que l’on trouvera dans ces textes ; je n’ai fait que rassembler, mettre en rapport pour faciliter la lecture.

  QUE TON RÈGNE VIENNE

 « Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : « Ton Dieu règne ! » (livre d’Isaïe 52, 5-7)

Dans la tradition, le règne de Dieu ou le royaume de Dieu sont une même chose. Le royaume ne vient pas par des moyens humains, violence, pouvoir, puissance, nationalisme… Le royaume est destiné au monde entier, il est comme « un filet qui ramène toutes sortes de choses ». (saint Matthieu 13,47) Le royaume est à venir selon le dessein de Dieu ; mais le royaume est également « déjà présent, déjà à la porte ». (saint Marc 1,15)

Le règne de Dieu est déjà là parce que c’est le Christ lui-même ; cela explique l’urgence de l’appel de Jésus, car avec sa venue, l’heure de Dieu a sonné.

Le royaume de Dieu existe, il est le trésor caché pour l’achat duquel on vend tous ses biens ; le royaume de Dieu est venu, le Christ s’est incarné, il marche avec nous, il est source d’espérance : « Et voici que je suis avec vous pour toujours, jusqu’à la fin des âges ». (saint Matthieu 28,20) Le royaume de Dieu, c’est se laisser posséder par la certitude qu’il est venu, et en même temps, jeter l’ancre et s’agripper à la corde pour qu’il vienne. Ce sont les deux temps du salut : le déjà là et le pas encore.


Le Christ quand il invite aux noces, dit : « Qu’ils viennent tous ». Mais sa préférence va aux pauvres ; le protagoniste de l’histoire est le mendiant ; dire « que ton règne vienne, c’est mendier ». Que ton règne vienne, Seigneur, car sans toi nous ne pouvons rien faire. Le royaume de Dieu requiert notre collaboration mais il est surtout initiative et don du Seigneur ; la semence de bien et de paix germe et se développe parce que c’est l’amour miséricordieux de Dieu qui la fait mûrir.

En grec, « que ton règne vienne » est au passif : c’est à toi de faire venir ton règne. Le Christ dit à Pilate : « mon royaume n’est pas de ce monde » ce qui signifie », « il ne sort pas, ne jaillit pas de ce monde » ; il ne vient pas par la puissance humaine ; le royaume vient d’en haut, et en même temps, il est bien de ce monde. C’est la responsabilité du chrétien de faire que la force qu’il a reçue de Dieu se voie dans le monde.

Pilate demande à Jésus : « es-tu roi ? » et Jésus répond « je suis venu pour rendre témoignage à la vérité ». Tel est le règne ; il est d’abord lumière de Dieu capable d’éclairer les esprits, une lumière pour nos intelligences quand elles sont dans le doute, déroutées par tant d’idées qui se heurtent et se bousculent si facilement en nous et autour de nous. Un règne de vérité, voilà ce qu’a fait le roi de l’univers.

Jésus meurt sur la croix ; le « bon larron » à ses côtés lui demande de ne pas l’oublier dans son royaume ; et Jésus répond : « aujourd’hui, avec moi tu seras en paradis ». C’est une autre forme de royauté, celle du cœur ; la royauté du Christ, c’est le cœur même de Dieu attentif à ma vie ; mon cœur est déjà dans la main de Dieu et je ne crains rien quel que soit mon péché si je me tourne vers lui.

Le règne, c’est la charité, notre action envers les autres : « j’avais faim et vous m’avez donné à manger ». C’est la royauté de Dieu à travers notre langage, notre richesse et notre présence, la royauté de la charité concrète, active.

Par cette demande, nous reconnaissons que là où Dieu n’est pas, rien ne peut être bon ; le Christ nous dit : « recherchez d’abord son royaume et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroit ». (saint Matthieu 6,33) Cela veut dire que nous acceptons que sa volonté soit prise comme critère. Le Christ est le règne de Dieu ; notre demande est en vue de la communion avec lui, la demande de devenir toujours plus « un avec lui ». (Lettre de saint Paul aux Galates 3,28)

François d’’Assise :

Que Ton règne vienne, c’est-à-dire toi, Christ, viens en aide, à nous et en nous, pour qu’avec toi nous régnions toujours car c’est toi le règne et la gloire du Père et tu as dit : « Mon règne ou le règne de Dieu est au-dedans de vous ». Nous avons dit : « Que ton règne vienne » ; voici ce que dit le Seigneur : « Mon règne n’est pas de ce monde. Mais vous demandez mon royaume et vous n’avez pas de vêtements de noces.

     Ô hypocrites, rejetez d’abord la poutre de votre œil ! 

Alain DE GUIDO